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 La traite des Noirs en 30 questions par Eric Saugera

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mihou
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mihou


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07062005
MessageLa traite des Noirs en 30 questions par Eric Saugera

La traite des Noirs en 30 questions par Eric Saugera

TITRE :
La traite des Noirs en 30 questions par Eric Saugera
URL :
http://ww3.ac-creteil.fr/hgc/spip/article.php3?id_article=284
Mis en ligne : le dimanche 5 janvier 2003.
Site : Histoire Géographie Créteil


Introduction ?

Le trafic " connu sous le nom de traite des Noirs ", selon une formule en vogue sous la Restauration, a profondément marqué l’histoire et la mémoire des hommes. Du milieu du XVe siècle à la fin du XIXe siècle, des millions d’êtres humains ont été arrachés au continent africain et conduits vers des terres étrangères et lointaines - qui les rendirent esclaves. C’est aux XVIe et XVIIe siècles que les puissances maritimes européennes récemment installées en Amérique mirent en place la Grande Déportation par l’Atlantique et c’est au siècle suivant qu’elles la portèrent à son apogée. Aujourd’hui, cette Déportation est clairement dénoncée comme un crime contre l’humanité. Mais l’opinion d’alors ne la percevait pas ainsi parce que l’esclave nègre n’était pas un homme. Même si l’Église lui reconnaissait une âme en l’initiant aux mystères de la religion, sur le plan économique, l’esclave nègre ne se différenciait guère d’un mulet dont il remplissait souvent la fonction : son statut était celui d’un " bien meuble " livré au bon vouloir du propriétaire. Devait-il s’en plaindre ? Son déplacement " d’une plage à l’autre de l’Atlantique " lui avait rendu service en le soustrayant à la barbarie de ceux qui l’avait vendu. Ce service en valant un autre, l’esclave pouvait apporter sa pierre à l’édification des nations blanches et riches.

Ce petit livre souhaite présenter une vision synthétique et claire d’un phénomène complexe qui a duré quatre siècles et concerné, à des titres divers, des dizaines de millions d’individus noirs et blancs répartis sur trois continents. Une carte et une chronologie aideront le lecteur tandis qu’une bibliographie l’invitera à élargir le champ de ses connaissances.
Qu’est-ce que la traite des noirs ?

La traite des Noirs est un phénomène qui remonte à la nuit des temps pharaoniques, mais celle qui nous occupe ici est d’une autre nature, à la fois modestement séculaire et violemment nouvelle.

C’est au milieu du XVe siècle que les Portugais commencèrent à trafiquer des hommes sur une côte africaine dont ils faisaient la connaissance. Au début du siècle suivant, les Espagnols, qui emménageaient depuis peu de l’autre côté de l’Atlantique, eurent besoin de bras pour exploiter les espaces immenses et fabuleux du Nouveau Monde. Les immigrants européens ne suf-fisaient pas à la tâche et les populations amérindiennes succombaient à celle qu’on leur imposait. Il fallait puiser à d’autres sources. On pensa à l’Afrique : elle était à la fois accessible et intarissable.

Les pays ibériques eurent vite fait de se répartir les rôles : au Portugal le transport des nègres, à l’Espagne l’utilisation des esclaves. Les navigateurs aventuriers hollandais, anglais et français considérèrent d’un œil torve ce monopole de jure. Ils ne tardèrent pas à intro-duire frauduleusement des captifs outremer au grand dam des nouveaux propriétaires : la traite des Noirs par l’Atlantique avait désormais rang international. Elle obtint ses lettres de noblesse au XVIIe siècle quand les principales monarchies la légalisèrent et elle eut bientôt droit de cité dans les livres.

Dans son Dictionnaire Universel de Commerce publié en 1730, Jacques Savary des Bruslons définissait ainsi la traite des nègres : " Les Européens font depuis des siècles commerce de ces malheureux esclaves, qu’ils tirent de Guinée et des autres côtes d’Afrique, pour soutenir les Colonies qu’ils ont établies dans plusieurs endroits de l’Amérique et dans les Antilles. "

La traite est donc l’enlèvement des Noirs d’Afrique suivie de leur déportation en Amérique, et plus tard vers l’archipel des Mascareignes dans l’océan Indien. Elle a deux objectifs et le second est le corollaire du premier : amasser de l’argent grâce au commerce des captifs ; façonner de belles colonies avec la sueur et le sang des esclaves. La réalisation de ces deux objectifs nécessite une triple opération : 1/ échanger des produits bruts et manufacturés européens contre des captifs africains ; 2/ transporter ces captifs par-delà l’océan pour en faire des esclaves dans les colonies ; 3/ vendre ou échanger les captifs contre des denrées tropicales destinées à l’Europe.

La traite des Noirs était dénommée de diverses manières : traite des nègres, des esclaves, ou de Guinée. Il n’était pas signifiant d’utiliser un terme plutôt qu’un autre ni d’adopter une minuscule plutôt qu’une majus-cule. Il n’était pas non plus nécessaire de les employer : le mot " traite " employé sans complément suffisait la plupart du temps à définir son objet. On pouvait traiter autre chose que des hommes, toutes sortes de richesses que recélait l’Afrique, mais sans autre précision, " faire la traite " revenait à prendre des humains à la côte africaine.
Quelle différence avec l’esclavage ?

La confusion peut exister entre ces deux termes indissociables. L’esclavage et la traite s’alimentent mutuellement et ne peuvent donc, ou difficilement, vivre l’un sans l’autre : l’esclavage sans la traite se régénère au ralenti, la traite sans l’esclavage s’arrête. Pourtant, aussi liés soient-ils, ce sont des phénomènes parfai-tement distincts occupant des durées, des lieux, des hommes différents.

L’esclavage était pluri-millénaire quand débuta la traite par l’Atlantique et il lui survécut des dizaines d’années dans les colonies des pays concernés. Par exemple, l’Angleterre et les États-Unis abolissent la traite en 1807, la France en 1815, et suppriment res-pectivement l’esclavage en 1833, 1865, 1848. Cuba et le Brésil sont, en 1886 et 1888, les deux derniers pays à abolir l’esclavage au XIXe siècle. Au XXe siècle, l’esclavage n’est pas mort. Il perdure en Mauritanie malgré trois abolitions dont la dernière remonte à 1981 seulement, et en 1996 Dominique Torrès publiait aux éditions Phébus un ouvrage intitulé : 200 millions d’esclaves aujourd’hui.

Si la traite et l’esclavage sévissent sur les terres africaines, la traite s’arrête en Amérique, là où l’escla-vage recommence.

Les victimes sont toujours noires mais leur condition évolue, ou empire. Captives le temps de la traite, elles deviennent esclaves entre les mains de leurs nouveaux maîtres. Les bourreaux sont africains et européens. Les premiers amènent les captifs de l’intérieur vers les côtes et les seconds assurent leur transport vers l’Amérique : ce sont les négriers ; ceux qui exploitent les captifs dans les colonies sont les esclavagistes. Mais négriers et propriétaires d’esclaves ne sont pas obligatoirement les mêmes. Un armateur métropolitain qui expédie à la traite peut n’avoir aucune relation directe avec le milieu des colons, ne posséder aucun champ de canne à sucre ni aucun esclave : il assure un service de pourvoyeur que les colons " amériquains " ne lui disputent pas. Mais cette séparation fut au fil du temps de moins en moins nette. Les colons étaient mauvais payeurs. Aussi les négociants de la métropole n’avaient-ils comme autre moyen pour recouvrer leurs créances que de s’implanter aux îles, soit en se liant avec des sociétés déjà en place, soit en gérant des domaines ou en les enlevant à leurs débiteurs. Sur la fin du XVIIIe siècle, et souvent contre leur gré, les principales maisons de commerce des ports négriers français pratiquaient à la fois la traite et l’esclavage.

En dépit de leurs liens étroits, ces deux activités doivent être considérées séparément. Avec des pas-serelles inévitables entre les deux, l’étude de la traite est une fin en soi, celle de l’esclavage en est une autre.
Pourquoi des esclaves en Amérique ?

Le besoin d’esclaves aux Amériques est donc né du souci des Espagnols de se constituer une réserve de main-d’œuvre aussi inépuisable que les ressources du sol et du sous-sol qu’ils se faisaient fort d’exploiter à plein régime. Ce régime fut fatal aux Indiens qui moururent par millions. Il fallait leur substituer des travailleurs capables de supporter les contraintes conjuguées du travail forcé et du climat : les Noirs, qui vivaient sous les mêmes latitudes et connaissaient déjà l’institution de l’esclavage, seraient en pays de connaissance.

L’installation des Européens du Nord en Amérique se fit au début du XVIIe siècle. Dans les années 1630, les Français étaient implantés dans les îles antillaises de Saint-Christophe, de la Guadeloupe et de la Martinique. Même si des groupes d’esclaves arrivèrent très tôt, on recourut d’abord à une main-d’œuvre blanche plutôt que noire pour mettre en valeur ces possessions nouvelles. Cette immigration était volontaire. De pauvres bougres, le plus souvent, embarquaient au Havre, à Nantes, Bordeaux ou La Rochelle, pour s’engager au service d’un planteur de coton ou de tabac. Après une période fixée par contrat à trois ans, ils recevaient un petit pécule acquitté en tabac et un bout de terre. Jusqu’en 1660, ces " engagés " suffirent à cette première mise en route pastorale et agricole des Petites Antilles. Ensuite, ce fut différent. Le développement de la culture des grandes denrées d’exportation comme le sucre exigeait qu’on employât beaucoup de monde sur des propriétés de plus en plus grandes, appelées " habitations ". C’était notamment le cas à Saint-Domingue dont la colonisation avait été plus tardive. Alors, affluèrent les Noirs.

Ils présentaient sur les engagés blancs des avantages indiscutables : ils étaient bon marché, corvéables à merci, renouvelables à volonté. Par ailleurs, les colons n’en étaient pas les seuls bénéficiaires. En amont, les négociants de la métropole avaient tout à y gagner : la source des profits était démultipliée : de l’écoulement des cargaisons en Afrique au transport des nègres et à leur entretien dans les colonies. L’accroissement de la production sucrière directement liée à l’augmentation du nombre des esclaves s’ajoutait à ces facteurs d’enri-chissement. Un cercle vertueux en somme auquel l’État ne pouvait demeurer insensible. On attendait de lui des mesures en faveur de l’économie coloniale. Elles vinrent en 1670 et la traite française décolla.
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