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 Intégration économique:rôle pour les politiques nationales

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Tite Prout
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Tite Prout


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14042006
MessageIntégration économique:rôle pour les politiques nationales

La Presse
Forum, samedi 21 avril 2001, p. A17

Sommet des Amériques
Intégration économique: quel rôle pour les politiques nationales?

Proulx, Pierre-Paul; Deblock, Christian

L'adage économique veut qu'il soit plus sage pour un petit pays d'avoir des relations économiques amicales et privilégiées avec son principal partenaire commercial que de poursuivre les chimères de la diversification des échanges. En se spécialisant, le petit pays sort gagnant de sa relation avec le grand.

En optant pour le libre-échange avec les États-Unis, le Canada a malgré tout poursuivi une politique de diversification de ses échanges. Il s'agissait d'obtenir un accès élargi et sécuritaire à son principal marché, puis de se servir du marché américain comme d'un tremplin pour conquérir les marchés internationaux. Le libre-échange devait créer un environnement favorable à la concurrence et à l'investissement, mais ne permettait pas de participer à la recomposition spatiale et sectorielle des activités économiques en cours dans l'hémisphère occidental.

Nos politiques commerciales ont-elles eu les effets attendus? Depuis 1989, date de mise en oeuvre de l'ALE, la croissance annuelle moyenne au Canada a été de 2,5 %, contre 3,2 % et 3,7 % aux États-Unis et au Mexique. L'emploi a augmenté, en moyenne, de 1,3 % au Canada, contre 1,4 % pour les États- Unis et 2,9 % pour le Mexique. Parallèlement, les exportations ont progressé en volume pendant cette période de 8 %, contre 8,4 % pour les États- Unis et 13 % pour le Mexique. La performance du Canada est bonne, supérieure à la moyenne des pays de l'OCDE, mais moins bonne que celle des États-Unis. Il en va de même pour le Québec.

Le libre-échange avec les États-Unis a fortement profité aux exportateurs canadiens. En pourcentage du PIB, les exportations de biens et services ont bondi, passant de 25,6 % en 1989 à 45,8 % en 2000. De leur côté, les importations sont passées de 25,6 % à 40,1 %. L'excédent commercial avec les États-Unis a atteint l'année dernière le chiffre record de 92 milliards de dollars canadiens. La proximité, la demande américaine, les règles d'origine et les changements technologiques ont entraîné une profonde réorganisation des échanges, l'orientation Nord-Sud étant plus manifeste que jamais.

Le pourcentage des exportations canadiennes destinées aux États-Unis est passé de 68,6 % en moyenne pendant les années 70 à plus de 80 % pendant la dernière décennie. Les tendances sont les mêmes pour les importations. Le Québec a également tiré parti du libre-échange avec les États-Unis. Toutefois, sa part dans les exportations canadiennes est restée stable, autour de 17,5 % environ, et rien n'indique que le virage Nord-Sud y soit plus marqué qu'en Ontario par exemple. Le passage du Québec vers la production de biens de haute technologie devrait cependant accentuer ce virage, ce qui constitue d'ailleurs un défi pour les entreprises québécoises qui doivent rivaliser de plus en plus avec les entreprises mexicaines sur le marché américain.

L'orientation Nord-Sud des échanges a eu deux conséquences. D'abord, les études le révèlent, le libre-échange avec les États-Unis serait responsable d'une diminution de 7 % du commerce interprovincial. Ensuite, le commerce avec les autres pays a reculé. Les exportations vers les autres destinations ne représentent plus que 12,9 % des exportations canadiennes. Pour le Québec, ce pourcentage est passé en l'espace de dix ans de 28 % à 14,4 %. Le dynamisme de l'économie américaine et une croissance anémique en Europe et en Asie y sont pour beaucoup. Mais cela n'explique pas le fait que le solde commercial avec les pays autres que les États-Unis, positif en 1995, soit devenu lourdement déficitaire (- 37,6 milliards de $ CAN. en 2000). Concrètement, la politique de diversification des échanges n'a pas été un succès.

Les investissements directs étrangers (IDE) sont un autre indicateur qui permet d'évaluer les résultats de la politique d'ouverture du Canada. La part canadienne des IDE mondiaux est passée de 11 % en 1980 à 3,5 % en 1999. Et pendant la dernière décennie, le Canada n'a reçu que 2,8 % des IDE mondiaux. Le stock d'IDE sortant est passé de 14,8 % du PIB en 1990 à 25,9 % en 1999 alors que le stock des IDE entrant au PIB canadien est passé de 19,7 % à 23,9 % durant cette période. Les IDE sont passés de 2 % des dépenses canadiennes d'investissement en 1979 à 19 % en 1999! Quant au Québec, il reçoit moins de 10 % du total des IDE canadiens. On comprend l'intérêt canadien pour les questions d'investissement, mais on peut se demander ce qu'il en est aujourd'hui de l'objectif de faire du Canada la porte d'entrée des investissements étrangers vers les États-Unis. De même, on constate que le Canada ne concentre plus aujourd'hui que 10 % des investissements américains dans le monde (contre 21 % en 1980), mais aussi que la part des États-Unis est passée en l'espace de dix ans de 64 % à 72,2 %. De son côté, entre1990 et 1998, la part canadienne des IDE entrant en Amérique du Nord a diminué de 7,6 points, et ce malgré l'ALE et l'ALÉNA, ce qui prouve à quel point d'autres facteurs que l'ouverture commerciale jouent dans les décisions d'investissement des entreprises.

Il est difficile d'échapper à la conclusion que le Canada (et le Québec) pourrait améliorer ses performances économiques dans les Amériques! Malgré le fait que la population y représente 3,8 % de la population du continent, 4,3 % du PIB et 17 % des exportations des Amériques proviennent du Canada, les indices du déclin canadien sont nombreux, la forte chute du dollar en étant peut-être le symbole le plus évident. La faible performance de la R&D, dont les dépenses représentaient à peine 1,6 % du PIB en 1999 contre 2,8 % pour les États-Unis, l'écart considérable sur le plan de la productivité, une performance à l'exportation moins bonne que celle du Mexique dans les secteurs de forte et moyenne-forte technologie sont autant d'indices qui montrent que les accords commerciaux n'ont pas été suffisants et que la revitalisation de l'économie passe aussi par d'autres voies.

Les excellents résultats commerciaux avec les États-Unis, favorisés par un dollar faible et une moindre progression des coûts salariaux, ont contribué à faire croire que le dynamisme de l'économie dépendait presque exclusivement de son intégration à celle de son voisin. Et ce, pendant qu'aux États-Unis, comme le montre le dernier rapport du US Competitiveness Council, on signale l'importance de l'innovation, de la qualité des ressources humaines et la performance des régions de haute technologie pour expliquer leur dynamisme, tout en ne négligeant pas de souligner l'importance de l'ouverture économique. Ces prescriptions de politique sont pertinentes pour le Canada et le Québec qui partagent le même espace économique. En souscrivant à l'ALENA (et à la future ZLEA), le Canada a accepté de jouer les règles du jeu du commerce international. Mais cette approche n'a pas donné tous les résultats attendus. Nul doute que les accords de libre-échange ont stimulé l'économie, mais le bilan de la performance économique confirme le fait que l'ouverture commerciale n'est pas suffisante.

Les accords commerciaux doivent s'accompagner de politiques publiques orientées vers les principaux déterminants du développement que sont l'innovation, la qualité des ressources humaines et l'investissement, en particulier dans les technologies de l'information et des communications. Il incombe cependant de mettre en application une politique nationale multidimensionnelle et intégrée qui serait constituée de divers axes, dont la promotion de l'entrepreneurship, la pénétration de réseaux et de plates-formes d'achat des grandes entreprises par nos PME, la production et l'utilisation de nouvelles technologies, l'éducation, l'innovation, la R&D, la spécialisation et le renforcement d'un nombre limité de pôles technologiques, bref tout ce qui peut améliorer la productivité de l'économie et accélérer le passage vers l'économie du savoir.

Par ailleurs, laissée à elle-même, la croissance engendre et aggrave les disparités de revenus, les régions les plus riches et les plus compétitives étant celles vers lesquelles affluent le capital et la main-d'oeuvre. Des politiques de redistribution des revenus doivent accompagner les politiques de développement sans quoi les accords de libéralisation des échanges, en exacerbant les différences qui résultent de la concentration des activités et du changement technologique, risquent de nous préparer des lendemains inacceptables sur le plan de l'équité et du développement social.

Nous disposons d'une marge de manoeuvre considérable pour élaborer et appliquer des politiques qui permettraient de renverser le lent déclin de nos économies et de profiter d'un modèle d'américanité qui nous offrirait ses avantages sans ses lacunes. On dit souvent qu'il est dangereux de laisser la politique aux politiciens, mais il est tout aussi dangereux de laisser la politique économique aux seuls négociateurs commerciaux. C'est aussi à nous d'y voir.

Les auteurs sont respectivement économiste conseil et chercheur au Groupe de recherche sur l'intégration continentale à l'UQAM. Leur texte a été écrit dans le cadre du projet chaire Téléglobe-Raoul- Dandurand/CEIM/La Presse à l'occasion du Sommet des Amériques.


Illustration(s) :

PC
Le premier ministre du Canada, Jean Chrétien (à gauche), a souhaité la bienvenue, hier, au président américain, George W. Bush. Les deux hommes, et 32 de leurs homologues prennent part au Sommet des Amériques qui s'est ouvert, hier, à Québec. Lors des discussions, le premier ministre Chrétien aura sûrement en tête l'expérience du libre-échange avec les États-Unis qui a fortement profité aux exportateurs canadiens. En pourcentage du PIB, les exportations de biens et services ont bondi, passant de 25,6 % en 1989 à 45,8 % en 2000. De leur côté, les importations sont passées de 25,6 % à 40,1 %. L'excédent commercial avec les États-Unis a atteint l'année dernière le chiffre record de 92 milliards de dollars canadiens.


Catégorie : Éditorial et opinions
Sujet(s) uniforme(s) : Exportations et importations
Lieu(x) géographique(s) - La Presse : ALENA; ZLEA
Type(s) d'article : Dossier; Opinion; Illustration, photo, etc.
Taille : Long, 1086 mots

© 2001 La Presse. Tous droits réservés.

Doc. : news·20010421·LA·0035
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