Soja ou maïs, un arbitrage décisif pour le marché mondial
Soja ou maïs ? Ce n’est pas de la dernière salade à la mode dont il s’agit mais bien de la répartition des deux cultures déterminantes pour le marché mondial des céréales et des oléagineux. Un choix aujourd’hui aux mains des fermiers du premier pays exportateur, en l’occurrence les Etats-Unis. Dans les plaines de la corn belt, la ceinture du maïs, c’est-à-dire l’Illinois, l’Indiana et l’Iowa, les agriculteurs ont commencé à semer, mais il est trop tôt pour en tirer des conclusions définitives, pour l’instant. Traders et analystes s’en tiennent au dernier rapport sur leurs intentions publié par le département à l’Agriculture ; et contre toute attente, cette enquête effectuée au début du mois de mars auprès de 80 000 exploitations prévoit une hausse pour le soja au détriment du maïs.
La cause est connue : les prix des fertilisants exigés par la culture du maïs ont augmenté, décourageant les fermiers. Les surfaces plantées en maïs diminueraient de 4 % tandis que celles du soja grimperaient de plus de 6 %, soit la plus grande superficie jamais consacrée à l’oléagineux aux Etats-Unis alors que le marché mondial est plutôt en manque de maïs que de soja.
Rodolphe Roche, gérant du fond de matières premières Schroeders n’est pas étonné de ce renversement puisque les coûts de production sont plus bas pour le soja, néanmoins il se méfie des effets d’annonce car les décisions prises par les agriculteurs, contraires aux vents qui soufflent des marchés, peuvent encore évoluer. Du côté de la demande, explique-t-il, tout plaide en faveur du maïs : le développement du biocarburant sur le marché intérieur américain dépend en grande partie du maïs. Actuellement un quart de la production est convertie en éthanol, il faudrait doubler ce volume pour satisfaire le quota autorisé. Deuxièmement, la demande en alimentation animale augmente naturellement avec la progression du bétail. Enfin, la demande mondiale est en hausse : à Chicago en ce moment, les traders aimeraient bien voir les élévateurs à nouveau en action pour charger des barges à destination des ports de sortie.
En revanche, en ce qui concerne le soja en grande partie destiné à l’alimentation des volailles, l’épizootie de grippe aviaire a considérablement ralenti les besoins. Les marchés ont immédiatement réagi à la publication du dernier rapport de l’administration américaine en propulsant les cours du maïs, si les intentions de semis sont réalisées, la tendance se confirmera, à moins que la météo s’en mêle : le temps sec qui prévaut actuellement encouragerait plutôt le maïs au détriment du soja.
par Dominique Baillard