Lundi 13 mars. « Euh, je l’ai pas lu… »

Samedi matin, American Vertigo se traînait à la 61ème place du classement des meilleures ventes d’Amazon.com. Vingt places derrière Une imposture française… Ce lundi, l’opus béachélien caracole à la 1ère place, cinquante places devant notre livre. La raison de ce grand bon en avant ? le passage de l’écrivain sur France 2 l’émission de son grand ami Thierry Ardisson, samedi soir, entre Pierre Richard et Rocco Siffredi.
Une demi-heure de brosse à reluire télévisuelle où l’on a appris notamment appris que Sharon Stone était la « Simone Signoret des Américains ». Et bien sûr pas une question sur notre livre.
Quelques jours plus tôt, le « philosophe de terrain » avait été un peu moins bien traité par Michel Field, seul journaliste de télévision à avoir jusqu’ici osé l’interroger sur les questions qui fâchent. Le dialogue se déroule en direct sur LCI, le 9 mars. A voir l’embarras de BHL, on comprend mieux pourquoi il interdit à tous ses amis animateurs d’évoquer le sujet à l’antenne.

Michel Field : Alors je citais Une imposture française, ce livre qui vous met en cause. J’ai reçu les auteurs la semaine dernière. Vous dites : tissu d’inexactitudes ? Vous attaquez ? Vous n’attaquez pas ?
Bernard-Henri Lévy : Euh, je l’ai pas lu…
MF : On vous en a rapporté un petit peu quelques éléments ?
BHL : Oui, j’ai lu des articles mais, euh, franchement je ne l’ai pas lu. J’peux pas vous dire grand chose.
MF : Pourquoi vous ne lisez pas les livres sur vous ?
BHL : Mais parce que…ah…pourquoi je ne les lis pas…Parce qu’il y a tellement de sujets intéressants…
MF : Mais vous en êtes un, enfin !
BHL : Ben, je trouve pas tellement justement. Il parait… enfin il y a eu, c’est pas il paraît… Il y a eu six livres sur moi depuis deux ans, je crois…enfin un an et demi…
MF : Vous en avez quand même entendu parler !
BHL : J’en ai entendu parler. Je vous avoue franchement… euh… Je ne sais pas comment vous dire… Je suis flatté une seconde et puis surtout après les bras m’en tombent. Il y a tellement de sujets importants qui, moi en tous cas, m’intéresse davantage. J’ai pas envie de lire six livres sur moi, voilà !
MF : Et donc vous êtes là, je sais pas, avec l’attitude magnanime d’un Mitterrand qui disais : je n’attaquerais jamais les journaux, ect… Vous n’allez pas attaquez ?
BHL : Je suis avec l’attitude magnanime d’un écrivain qui est tout entier dans son propre livre, dans American Vertigo, où j’ai mis mis deux ans de ma vie, comme j’avais mis un peu de ma vie dans le "Daniel Pearl" et dans mon livre sur les guerres oubliées. Voilà c’est ça qui compte pour moi. C’est d’aller sur le terrain…euh… de parler des choses après avoir enquêté, après avoir entendu, après avoir regardé et puis d’essayer de faire des bons livres.

Mercredi 15 mars. La nouvelle campagne de Reporters sans frontières : Sauvons BHL de la critique !

Nous aimerions bien ce matin être deux journalistes tunisiens, en bute à la censure dans un des pays les moins démocratiques du monde en matière de
liberté de la presse. Car alors RSF (Reporters Sans Frontières) nous défendrait, avec le courage et l'obstination qu'on leur connait.
Mais nous ne sommes que deux journalistes français qui s'attaquent à Bernard Henri Lévy et à son système d'influence perverti, nous avons moins de
chance. Car RSF fait justement partie des nombreux reseaux que l'ami Bernard cultive avec soin. Quand RSF a besoin d'un peu de trésorerie, BHL en glisse un mot à son ami François Pinault. Quand son patron Robert Ménard, a besoin d'un petit coup de projecteur sur une cause, BHL répond présent. Le
même Ménard cherche-t-il des financements pour sa revue Medias ? L'ami Bernard est là pour sonner à la porte de Hachette.
En échange, le mouvement RSF doit rendre à Bhl la monnaie de sa pièce, si on peut dire. Ainsi la Une de "Medias", qui sort cette semaine, est consacrée au
livre de Bhl sur les Etats Unis avec une grande photo de l'icone barrée par ce titre: "Pourquoi tant de haine ?" La haine de qui ? Notre haine. Celle de
deux journalistes qui tentent de faire leur métier et apportent à la connaissance des lecteurs des faits, des preuves, des témoignages. Notre
livre est exécuté par "Médias" en deux lignes: "un livre baclé, bourré d'erreurs, franchouillard, bêtement haineux". Quelles erreurs ? Les lecteurs
de "Médias" ne le saurons pas. Franchouillard ? La moitié du livre est consacré à l'exploitation du bois africain par BHL lorsqu'il dirigeait la société
familiale, au Pakistan et à son "enquête" sur Pearl, à l'Algérie qu'il parcourait aux bons soins de la sécurité militaire, à l'Afghanistan et à la
Serbie, théâtre du grand bluff béachélien, aux Etats-Unis et au bide critique de son livre.
Joint au téléphone et interrogé sur "le grand écart" qu'il pratique, piétinant à Paris ceux qui se livrent au travail journalistique qu'il prétend défendre à Tunis ou à Rabat, le patron de RSF nous a proposés "un droit de réponse". Sympa Robert!
Pendant ce temps, malgré les heures consacrées par tous les médias audiovisuels à BHL sans une seule allusion à l'enquête dont il fait l'objet, Une imposture française se vend bien, par la force du bouche-à-oreille. 327 exemplaires sortis des stocks ce matin, plus de 650 en trois jours... Mais
que fait Reporters sans frontières ?
Jeudi 16 mars. De l’art du publi-reportage.

VSD fait très fort cette semaine. Pour couvrir d’éloges l’auteur d’American Vertigo, l’hebdomadaire a carrément chargé son biographe attitré, Philippe Boggio de raconter « l’épopée » (sic) de Bernard-Henri Lévy aux Etats-Unis !
Auteur d’une bio énamourée, parue l’année dernière aux éditions de La Table Ronde, Boggio s’en donne donc à cœur joie dans le style acidulé qui fait sa réputation. Même BHL trouve en privé qu’il en fait toujours trop. C’est dire ! Lors d’une de nos rencontres, Lévy avait assassiné ce biographe trop fervent : « En fait, je n’ai pas aimé son livre, qui était beaucoup trop gnan-gnan ». Le public n’avait pas accroché non plus. Le livre, dont les épreuves avaient été corrigées par BHL lui-même, s’est à peine vendu, d’après nos informations, à 3 000 exemplaires, alors que l’éditeur Denis Tillinac dans Livres-Hebdo en espérait publiquement au moins 50.000 ex.
Pourtant Bernard Henri Lévy avait autorisé quelques révélations sur sa vie privée. Le chapitre le plus ridicule du livre le campe comme un bourreau des cœurs, tombeur de toutes les vendeuses des boutiques chics de la rue des Saint-Pères et des hôtesses de l’air de la ligne Paris-Nice…
Boggio a peut être affaire à un ingrat, mais il est fidèle. Il rédige six pages de publi-reportage. Comme d’habitude, pas un mot sur le passage à la tronçonneuse d’American Vertigo par la critique américaine. Ruisselant de compliments, l’article est émaillé de quelques perles.
En voilà une pour les 1.852 lecteurs quotidiens qui suivent ces chroniques béhachéliennes d’après le compteur du site des Arènes. « Une rumeur colportée depuis la France voulait que BHL et Mariane Pearl (l’épouse du journaliste américain assassiné au Pakistant) soient en mauvais terme » ose VSD.
Décryptage : Boggio, ex-journaliste (Le Monde, Marianne) a oublié les règles professionnelles en vigueur dans son ancien métier. Ce qu’il présente comme une rumeur est un fait incontestable, en l’occurrence un email de Mariane Pearl, qui a résumé pour nous ce qu’elle pensait de Bernard-Henri Lévy : « un homme dont l’ego détruit l’intelligence ».
Sinon, sur le front des librairies, Une imposture française se porte bien. Une seconde réimpression a été lancée en trois semaines, pour un tirage total de 11.500 ex. Le bouche-à-oreille contre le bulldozer médiatique de BHL… Dans les huit derniers jours, celui-ci a trusté 6h00 de télévision et de micro, une couverture de magazine et une dizaine d’articles complaisants ! C’est une sorte de démonstration par l’absurde de notre propos.


Mardi 21 mars. TV circus.

La confidence date de la veille du septième entartrage de BHL au salon du livre. Elle émane d’un des pontes de chez Grasset : « En ce moment, Bernard est terrorisé par une seule chose : vous croiser sur un plateau de télé. Il a donné des ordres très précis au service de presse de Grasset pour qu’il s’assure qu’une telle mauvaise surprise ne se produise jamais ! ».
Bien joué ! Jusqu’ici, la consigne a été respectée à la lettre. Certes, l’équipe du « Grand Journal » sur Canal Plus a un moment caressé l’idée saugrenue d’organiser un débat. Mais elle s’est heurtée à un veto catégorique de l’intéressé, peu enclin à se justifier face aux révélations d’Une imposture française. « Nous ne vous inviterons donc pas, nous ont prévenus les collaborateurs de Michel Denisot. Mais nous n’inviterons pas Bernard-Henri Lévy non plus », nous ont-ils alors assuré.
Moyennant quoi… « Le Grand Journal » a finalement consacré la semaine dernière, une heure entière d’antenne à la propagande béachélienne, en présence de l’auteur d’American Vertigo finalement invité de dernière minutes en compagnie de l’ex-nouveau philosophe André Gluksmann ! Pas la moindre question sur notre livre de la part de Denisot et Beigbeder, les animateurs de l’émission.
L’omerta que nous décryptons dans notre livre se confirme donc un peu plus chaque jour.
Elle sera encore respectée le 24 mars prochain au « Café Picouly », l’émission de l’écrivain Daniel Picouly sur France 4, chaîne de la TNT, du câble et du satellite. L’Agence France Presse nous apprend en effet que ce jour-là, l’ami Bernard, éditeur de la maison Grasset sera l’invité d’honneur de Picouly, écrivain Grasset…
Osons alors un petit décompte façon CSA. Depuis la sortie du livre, nous sommes intervenus un quart d’heure chez Michel Field à LCI, dix minutes dans la Matinale de I-télé et un quart d’heure de débat contradictoire dans Le Culture Club de France 4 avec un ami de BHL.
Ce qui représente quarante minutes de télévision, en tout et pour tout, sur des chaînes du cable et du satellite.
Dans le même temps, Bernard-Henri Lévy a obtenu une bonne heure d’antenne à Campus sur France 2, une demi-heure d’antenne chez Ardisson toujours sur France 2, une heure sur TV5 chez Elkabbach et donc une autre heure chez Denisot sur Canal, sans compter la Matinale d’I-télé, 93 faubourg Saint Honoré, l’autre émission de Thierry Ardisson sur Paris Première. Soit quatre heures de télévision, sans qu’il ne lui soit posé une seule question sur nos révélations. Seul le courageux Michel Field, lors d’une interview d’un quart d’heure, a osé la contradiction en lui demandant sa réaction sur Une imposture française durant deux ou trois minutes. Honneur au courageux !


Lundi 27 mars. Sollers à la rescousse.

Très divertissante défense et illustration de BHL par Philippe Sollers dans le dernier Journal du Dimanche. Après une citation d’American Vertigo pour faire croire qu’il a lu le livre, Sollers passe au cas BHL. En gros, il fait juste son boulot d’écrivain : « Il arrive, publie un livre, fait quelques apparitions à la télévision, s’agite comme un chiffon rouge et ça marche ». Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites ! Truster en un mois, près de cinq heures d’antenne sur les grandes chaînes de télé, jusqu’au 20 heures de France 2 et de TF1, se résume chez Sollers à « quelques apparitions à la télévision »… Après le déferlement télévisuel du mois de mars, Bernard-Henri Lévy s’apprête maintenant à consacrer son mois d’avril à « quelques apparitions » à la radio. Il s’est déjà un peu rodé devant les micros complaisants de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1 ou Jean Lebrun sur France Culture. Mais le gros du programme est à venir. BHL s’apprête en effet à accaparer, en un mois, quelque 2h25 d’antenne sur France Inter ! Un feu d’artifice qui commencera de façon certes un peu austère par trois quarts d’heure de « philosophie » chez Patricia Martin, se poursuivra pendant cinquante minutes au micro prévenant d’Anne Sinclair, sa voisine à Marrakech et se terminera par un bouquet final « spécial rires et cotillons » chez son compère du gotha, Stéphane Bern ! Juste « quelques apparitions », on vous dit…