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 A propos de la Colombie par Noam Chomsky

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mihou
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mihou


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30032006
MessageA propos de la Colombie par Noam Chomsky

A propos de la Colombie par Noam Chomsky .
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5 mars 2006


L’OTAN pourrait aider les USA pour des frappes aériennes contre l’Iran, S.Baxter, U.Uzi Mahnaimi - The Sunday Times.

Introduction à l’ouvrage de Doug Stokes

“America’s Other War : Terrorizing Colombia” éditeur Zed, décembre 2004. ( Lire : Les véritables raisons de l’intervention nord-américaine en Colombie, par Doug Stokes.)

www.chomsky.info, décembre 2004.

Cependant que j’écris je viens juste de recevoir la dernière des nouvelles régulières provenant de l’organisation de défense des droits humains Justicia y Paz de Bogotá, dirigée par un prêtre courageux, le père Javier Giraldo, un des leaders en Colombie dans la défense des droits humains, exposé à de grands risques personnels. Cette dernière nouvelle fait état de l’assassinat d’une militante afro-colombienne de défense des droits humains, Yolanda Cerón Delgado, alors qu’elle quittait les locaux de la pastorale sociale à proximité du commissariat de police. Justicia y Paz rapporte qu’il s’agit d’une opération paramilitaire typique, en collaboration avec les forces officielles de l’armée et de la police. Hélas, l’événement n’est pas extraordinaire.

Quelques semaines auparavant un fait insolite s’était produit : une surprenante reconnaissance de responsabilité. Le parquet avait rendu compte du fait que l’armée mentait lorsqu’elle affirmait que trois syndicalistes assassinés étaient des rebelles marxistes tués dans un échange de tirs. Ils avaient en fait été assassinés par l’armée. Rendant compte de la reconnaissance de l’armée, le New York Times observe que « la Colombie est de loin le pays le plus dangereux pour les syndicalistes, avec 94 tués l’an passé [en 2003] et 47 tués entre janvier et le 25 août cette année [2004] », la plupart assassinés « par les dirigeants des paramilitaires d’extrême droite liés à des unités militaires hors de contrôle [to rogue army units] ». Le terme « rogue » est une interprétation et non une description.

Le chiffre total de syndicalistes assassinés dans le monde en 2003 était de 123, dont les trois quarts en Colombie. Ces proportions sont stables depuis quelques temps. La Colombie n’a pas seulement été le lieu le plus dangereux du monde pour les dirigeants ouvriers, autant que les statistiques soient disponibles, mais elle est plus dangereuse que l’ensemble du reste du monde. Pour prendre un autre exemple, le Jour des Droits Humains, le 10 décembre 2002, la Confédération Internationale des Syndicats Libres a publié son rapport annuel concernant les droits syndicaux. Ce rapport signalait que jusqu’à ce jour plus de 150 syndicalistes avaient été tués durant l’année en Colombie. Le chiffre final pour l’année 2002 rapporté par l’Organisation Internationale du Travail dans son rapport annuel de 2003 était de 184 syndicalistes assassinés en Colombie, 85% du total mondial de 2002. Les chiffres de ces dernières années sont du même ordre de grandeur.

Ces assassinats sont tout d’abord attribués aux paramilitaires ou aux forces de sécurité, une distinction qui ne fait pas tellement de différence. Leur connexion est tellement forte que Human Rights Watch (HRW) parle des paramilitaires comme de la « Sixième Division » de l’armée colombienne. Comme HRW, Amnesty International, et d’autres organisations de défense des droits humains l’ont documenté, les assassinats politiques en Colombie -dont les assassinats de syndicalistes ne sont qu’une petite partie- jouissent d’une impunité presque totale. Ces organisations demandent la fin de l’impunité et la fin de l’aide militaire états-unienne tant que ces atrocités se poursuivent sans discrétion. L’aide militaire con tinue d’être envoyée en abondance, sous des prétextes plutôt embarrassants.

Il reste à voir si la reconnaissance de la responsabilité de l’armée dans les assassinats commis, en septembre 2004, mène à des actions judiciaires concrètes. Si on se fie au passé, il ne se produira rien au-delà des plus bas niveaux, bien que les preuves des responsabilités militaires et civiles à un niveau supérieur soient assez consistantes. Il y a eu en certaines occasions des investigations sérieuses lorsque de gros massacres avaient été commis. Le plus significatif c’est le massacre de Trujillo de 1990, quand plus de 60 personnes avaient été tuées lors d’une opération de l’arm ée particulièrement brutale ; leurs corps avaient été découpés avec des tronçonneuses. A l’initiative de Justicia y Paz, le gouvernement Samper avait accepté que soit organisé une commission d’investigation indépendante, incluant des membres du gouvernement, laquelle avait ensuite publié un rapport détaillé, identifiant les militaires alors en poste, le major Alirio Urueña Jarañillo. Dix ans plus tard, le père Giraldo rapportait que rien n’avait été fait : « Pas un seul des coupables n’a été sanctionné », dit-il, « alors que d’autres victimes ont été identifiées durant les années postérieures ». L’aide militaire états-unienne n’a pas seulement continué de parvenir à l’armée colombienne, mais elle a été augmentée.

A l’époque du massacre de Trujillo la Colombie avait les pires chiffres du continent en matière de droits humains - non pas parce que les atrocités en Colombie avaient augmenté de façon notable, mais parce que les atrocités avaient baissé au Salvador et dans d’autres Etats clients des Etats-Unis. La Colombie est devenue, de loin, la plus grande bénéficiaire de l’aide militaire états-unienne à l’échelle mondiale (hors Israël et l’Egypte, toujours une catégorie à part), remplaçant la Turquie - non pas parce que les atrocités en Colombie avaient augmenté mais parce que les atrocités en Turquie avaient baissé. Pendant les années 1990, la Turquie a mené sa brutale guerre contre-insurrectionnelle contre sa propre population kurde, faisant des dizaines de milliers de morts et probablement des millions de personnes déplacées de leurs villages, beaucoup survivant dans des habitats précaires dans de misérables bidonvilles à Istanbul, dans des abris de fortune dans la capitale semi-officielle du pays kurde Diyarbakir, ou n’importe où où ils pouvaient trouver un abri. Ces atrocités étaient accompagnées par des tortures, par la destruction de la terre et de la forêt, et par tous les crimes les plus barbares imaginables. Les armes sont arrivées des Etats-Unis de plus en plus nombreuses, représentant environ 80% de l’armement turc. Rien que pour l’année 1997 Clinton a envoyé plus d’armes à la Turquie que pendant l’ensemble de la période de la Guerre froide avant le lancement de la campagne contre-insurrectionnelle. En 1999 la campagne était considérée comme « un succès » et la Colombie a pris la première place. Elle a ensuite gardé sa première place comme « plus grande catastrophe humanitaire de l’hémisphère occidental, et de loin », comme l’a confirmé le sous-secrétaire des Nations Unies pour les questions humanitaires Jan Egeland lors d’une conférence de presse en mai 2004 à New York.

Il n’y a rien de particulièrement nouveau en ce qui concerne le rapport entre l’aide états-unienne et les atroces violations des droits humains. C’est même au contraire une corrélation plutôt habituelle. L’universitaire états-unien spécialiste de la question des droits humains en Amérique latine, Lars Schoultz, avait montré dans une étude de 1981 que l’aide états-unienne « avait tendance à aller de façon disproportionnée vers les gouvernements latino-américains qui torturent leurs citoyens, ... vers les violateurs des droits humains sur le continent ». Cela inclut l’aide militaire, cela n’a rien à voir avec les besoins éventuels, et cela existe pendant le gouvernement Carter. Dans une autre étude universitaire, la latino-américaniste Martha Huggins a observé que les chiffres provenant de l’Amérique latine suggèrent que « plus l’aide provenant des Etats-Unis est importante, plus les institutions policières et les gouvernements deviennent brutaux et anti-démocratiques ». L’économiste Edward Herman repère la même corrélation entre l’aide militaire états-unienne et le terrorisme d’Etat partout dans le monde, mais il offre une étude supplémentaire qui donne une explication plausible. L’aide des Etats-Unis, dit-il, accompagnait de près une amélioration dans le climat des affaires, comme on pourrait s’y attendre. Dans les dépendances des Etats-Unis il s’avère que, de façon tout à fait routinière, et de façon tout à fait compréhensible, le climat pour les affaires et pour les investissements avantageux est amélioré par les assassinats de syndicalistes, par la torture et par les assassinats de paysans, par les assassinats de prêtres et de militants de défense des droits humain s, etc. Il y a donc une deuxième corrélation entre l’aide des Etats-Unis et les violations des droits humains.

Il n’y a pas eu d’autre étude comparable depuis, à ma connaissance, probablement parce que les conclusions sont trop évidentes pour mériter une recherche détaillée.

L’Eglise catholique latino-américaine était devenue une cible particulièrement visée lorsque les évêques avaient adopté « l’Option préférentielle pour les pauvres » durant les années 1960 et 1970, lorsque les prêtres, les sœurs, et les travailleurs laïcs avaient commencé à organiser des communautés de base où les paysans lisaient les Evangiles et tiraient de cette lecture des leçons élémentaires sur les droits humains ; et pire encore, ils commençaient à s’organiser pour défendre leurs droits. L’horrible décennie Reagan a été commémorée avec une admiration révérencieuse aux Etats-Unis. On se souvient de cette décennie d’une façon un peu différente dans les régions où son gouvernement avait lancé sa « guerre contre la terreur », déclarée lors de son entrée en fonction en 1981 : El Salvador par exemple, où la décennie commence par l’assassinat d’un archevêque qui était devenu « la voix des sans voix » et se conclut en novembre 1989 par l’assassinat de six intellectuels latino-américains, des prêtres jésuites. Ils ont été assassinés par une force d’élite, armée et entraînée par les Etats-Unis, qui avait laissé une consternante trace de sang et de torture les années précédentes. L’Ecole des Amériques (qui a maintenant changé de nom) qui avait entraîné les officiers latino-américains, y compris les plus terribles tortionnaires et les plus fameux tueurs de masse du continent, s’enorgueillit d’avoir participé à « la défaite de la théologie de la libération », l’un des points importants dans l’activité de promotion qui vante les mérites de l’institution. De telles questions n’intéressent pas tellement en Occident, et elles sont à peine connues en dehors des spécialistes et des mouvements de solidarité. La réaction serait assez différente si quelque chose d’un tout petit peu comparable avait eu lieu p endant ces années-là dans les domaines de l’ennemi officiel.

Les principes de base du terrorisme d’Etat sont expliqués par Schoultz dans un travail universitaire concernant la politique étrangère des Etats-Unis et les droits humains en Amérique latine. Se référant aux « Etats de la Sécurité nationale » néo-nazis, imposés ou soutenus par les Etats-Unis à partir des années 1960, Schoultz souligne que l’objectif du terrorisme d’Etat était « de détruire définitivement ce qui était perçu comme une menace à la structure existante de s privilèges socio-économiques, en éliminant la participation politique de la majorité numérique..., [les] classes populaires ». Tout cela est parfaitement en accord avec les principes de base des doctrines contre-insurrectionnelles (CI), doctrines qui étaient le pilier de la politique étrangère des Etats-Unis depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, comme le montre Doug Stokes, des doctrines qui restent inchangées tandis que les prétextes changent, comme changent leurs modalités, conformément aux détails éclairants rapportés par Stokes.

L’arrivée de la Colombie à la première place des bénéficiaires de l’aide militaire états-unienne en 1999, remplaçant la Turquie, était particulièrement remarquable à ce moment précis. Le transfert, sans se faire remarquer des medias dominants, s’était produit juste quand les élites occidentales entonnaient un chœur d’auto-admiration et de louanges, probablement sans précédent, adressées à leurs dirigeants. Des commentateurs respectés glosaient fascinés sur « le Nouveau Monde idéal s’affairant à en finir avec l’inhumanité », nouveau monde qui entrait dans une « phase noble » de sa politique étrangère éclairé par une « sainte lueur », agissant par pur « altruisme » et sur la base de « principes et de valeurs » rompant nettement avec l’histoire du monde, et ouvrant la voie à l’établissement d’« une nouvelle norme d’intervention humanitaire ». Le joyau dans le diadème ouvrant une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité, c’était le bombardement de la Serbie en 1999. Quoi que l’on pense des crimes attribués à la Serbie, commis au Kosovo avant le bombardement (lequel, comme prévu, a provoqué une terrible escalade dans les crimes), ils ne sont en rien comparables aux actes des clients de l’Oc cident, qui n’ont pas été transformés en nouvelles. Non seulement les principaux bénéficiaires de l’aide militaire états-unienne, mais également d’autres : le Timor Oriental pour prendre un exemple assez édifiant, justement pendant la même période, où l’aide des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne se poursuivait tandis les atrocités augmentaient, une fois de plus, bien au-dessus de tout ce qu les sources officielles occidentales ont pu dire alors à propos du Kosovo.
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