Discrimination: Deux Camerounais interdits à Sn Brussels
Yaounde, le 23 Mars 2006
© Lazare Kolyang, Mutations
Ils ont été expulsés d’un avion de la compagnie belge pour avoir demandé
un traitement humain en faveur d’un Congolais.
Bobby Simme porte encore une large blessure sur le tibia droit.
Honoré Yondjouen quant à lui a les deux poignets noircis sous l’effet des
menottes. Les deux Camerounais, l’un vivant en Allemagne et l’autre devenu
citoyen belge, racontent, avec les larmes aux yeux, leur mésaventure à bord du
vol 351 Y de Sn Brussels. Embarqués à Paris vendredi 09 mars dernier dans un
avion de cette compagnie qui assurait la liaison Bruxelles-Douala-Kinshassa, ils
seront expulsés de l’avion à Bruxelles.
" Je me suis assis au fond de l’avion. Je lisais mon journal quand j’ai entendu
une voix derrière moi qui demandait à pouvoir aller aux toilettes. Je me suis
levé et j’ai vu un homme noir, menotté et encadré par deux policiers, en tenue
civile, dont l’un, baraqué, avec une crête au centre du crâne, lui a mis une
main devant la bouche et un poing dans le ventre ", affirme Bobby Simme qui se
rendait, au cours de ce voyage, à l’enterrement de son père. " Le jeune homme
noir, qu’on identifiera ensuite comme un Congolais faisant l’objet d’un
rapatriement forcé vers Kinshasa, demandait simplement, mais avec répétition,
aux policiers qui l’escortaient la permission d’aller aux toilettes. Les
policiers ne vont obtempérer qu’après que les passagers, en majorité des noirs,
aient menacé. Toute chose qui a alors irrité certains policiers", déclare Honoré
Yondjouen qui aura la malchance d’avoir dit tout haut la pensée des autres
passagers.
C’est ce " délit de parole " qui a va entraîner l’expulsion manu militari des
deux passagers. Ils seront suivis par un autre, mais aussi par le Congolais en
cours de rapatriement. D’après l’article du journal La Libre Belgique, " la
police fédérale a confirmé l’incident mais sa porte parole a indiqué que la
police a renoncé à rapatrier le Congolais car il s’opposait à l’opération et a
été contrainte de faire sortir de l’avion trois personnes… " Après environ une
heure passée dans les cellules de la police de l’aéroport, ils seront relaxés
sans être entendus (la police ayant découvert que l’un des passagers était
citoyen belge), mais après le départ de l’avion. Honoré Yondjouen a pu rejoindre
Douala le lendemain, par un vol de Air France. Bobby Simme n’arrivera au
Cameroun qu’une semaine plus tard, via Paris en France. Du côté de Sn Brussels,
on signale qu’une enquête a été ouverte et que le trio débarqué (deux
camerounais et un congolais) n’est plus autorisé à prendre les avions de
cette compagnie aérienne qui vient pourtant d’être désignée comme l’un des
quatre soumissionnaires pré qualifiés pour la reprise de la Camair. "
Envoyons des lettres de protestations au lien suivant:
http://www.flysn.be/fr_be/contact/contact-us/press-contact.aspx