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 Histoire de l’immigration en France

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mihou
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mihou


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MessageHistoire de l’immigration en France

Histoire de l’immigration en France


Le domaine de l’histoire de l’immigration est un champ récent car l’Histoire a jusqu’à présent privilégié l’histoire de la formation territoriale. C’est autour de la constitution du territoire national que les historiens ont cherché à travers le cadre de la constitution de la France ; mais en adoptant ce point de vue, ils oubliaient les grands acteurs, les populations qui ont constitué ce creuset français pou reprendre le terme de Daniel Noiriel.

La France a voulu rendre invisible la présence étrangère en pratiquant une politique intégration et d’assimilation. De leur côté, les étrangers ont, pendant longtemps, voulu rester peu visible, très probablement de crainte de mouvements xénophobes, toujours prêts à se déclencher lorsqu’il y a crise politique. Dans ces cas, comment repérer les immigrants de 3 ème génération ? Il n’y a pas de communauté, de quartier ethnique en France comme aux Etats- Unis. Cela se traduit, pour l’historien et pour l’ethnologue par une documentation peu nombreuse.

La tradition historique française est positiviste, c’est-à-dire qu’elle s’appuie sur les documents qu’ils soient archéologiques ou scripturaux. Elle s’est pendant longtemps méfié de la mémoire et des archives dites orales. Mais depuis le milieu des années soixante-dix, l’histoire de l’immigration présente un enjeu.

La question de la formation de la population française, de son histoire devient un enjeu politique. Cette histoire de la population, de sa constitution, des classes immigrées constitue aussi un partie de l’histoire de la classe ouvrière et des relations inter-ethniques. Gérard Noiriel résume dans son article paru dans les Actes de la recherche en sciences sociales les faits fondamentaux de l’histoire de l’immigration. Il part du constat que dans les discours, l’argumentation est basée sir l’histoire mais que les thèses des historiens de l’immigration ne sont pas utilisées. Ce recours à l’histoire est utilisé dans un sens précis, pour démontrer que l’immigration actuelle est d’une autre nature. Ce type de discours a été particulièrement employé dans les années quatre-vingt.

En 1984, date où Noiriel publie son article, deux ouvrages paraissent en librairie : L’immigration, une chance pour la France de Bernard Stasi, fils d’immigré italien et L’immigration : le choc d’Alain Griotteray. La problématique développée dans les deux ouvrages est semblable ; seules les conclusions diffèrent.

La France découvre, en 1984, le problème de l’immigration. Le Monde crée une rubrique spéciale dans son journal et la confie à Robert Solé. Il défend l’idée que la France est confrontée à un phénomène nouveau et que jusqu’à la Seconde guerre mondiale, la France avait su assimiler les immigrés. On assisterait depuis à un phénomène de rejet. Solé développe d’autre part l’idée que les immigrés sont, depuis, concentrés en quelques pôles urbains alors qu’ils étaient autrefois disséminés.

Bernard Stasi adopte le même argumentaire, mais il explique que les immigrés étaient auparavant d’origine européenne et que l’immigration est devenue africaine et musulmane. Il prétend que la France peut assimiler les musulmans à condition que la France se pluralise. Giotteray adopte la même problématique, mais il pense que le problème culturel et religieux est insurmontable.

Les sociologues qui ont enquêté dans le milieu immigré pensent qu’il y avait une immigration provisoire et que celle ci est devenu une immigration de peuplement, ce qui se traduit par l’apparition d’une seconde, puis troisième génération. Or ce sont ces générations qui se présentent comme les parties les plus problématiques de la population migrante. Il y aurait donc un phénomène nouveau.

La question qui se pose est donc de savoir si la problématique est nouvelle, si la question est réelle.

Il semblerait que ce type de raisonnement existait déjà avant la Seconde guerre mondiale. Les clivages politiques étaient alors les mêmes que ceux de nos jours. La question de l’immigration possède un caractère récurent et les derniers immigrés sont toujours les plus menaçants. En fait, l’immigration est utilisée comme une arme politique par les deux bords. Sur un plan xénophobe pour certains, pour accéder au pouvoir par d’autres parce que les immigrés faisant partie des classes sociales les plus défavorisées, joueront un rôle politique à travers la question syndicale. La véritable question, à savoir si la France peut assimiler les étrangers, n’est pas posée.

L’étranger a toujours été mal vu. La première immigration massive est celle des Belges dans la seconde partie du XIX ème siècle. Or les Belges qui venaient travailler dans les filatures du Nord étaient essentiellement des Wallons, donc des gens de même culture. Les positions à leur égard a changé avec l’arrivée massive des immigrés italiens (début du XX ème siècle). Les Belges sont alors devenus de bons immigrés. Quant aux Italiens, ils ont été intégrés après avoir été présentés comme inassimilables. A chaque vague, il y a reproduction du schéma précédent.

Ce problème de l’invasion se retrouve aussi dans la littérature ; deux romans de Danrit ont le mot invasion dans leur titre : l’invasion jaune et l’invasion noire. Ce thème est récurent dans la pensée de nombreux auteurs, notamment avec les différentes tensions internationales qui ont précédé la Première guerre mondiale.

Dans l’entre-deux-guerres, les migrations de travail ne se sont pas faites sans heurts, sans douleur. L’opinion publique était d’autant plus réservée que la France traversait une crise économique. Elle pouvait même devenir franchement hostile à l’immigration et se transformer en xénophobie.

Critique du « catalogue des idées reçues » concernant l’immigration.

L’immigration est un problème nouveau en France. Si l’on effectue une comparaison entre les recensements de 1931 et ceux fournis par le ministère de l’intérieur en 1984, les chiffres montrent qu’il y a eu en permanence un flux migratoire. La proportion est la même : entre 7 à 8% d’immigrés. Dans les années 20/30, la France est le pays à plus fort taux d’immigration.

Critique personnelle de Noiriel : Il faut comparer ce qui est comparable. Les données proviennent d’une part d’un recensement de population (1982), d’autre part des déclarations de la préfecture de police (1931). Comment ces données ont-elles été recueillies ? Quelle est la systématisation du recueil de ces données. D’autre part, entre ces deux dates, il y a un changement d’échelle non négligeable : en 1931 la France disposait d’un immense empire colonial - l’exposition coloniale de 1932 en témoignera - et en 1981, elle a perdu cet empire colonial. Où sont comptabilisé, de part et d’autre les ressortissants des anciennes colonies ?

La population avant la guerre était disséminée sur l’ensemble du sol national. La population était de ce fait plus facilement assimilable. Rien ne prouve qu’une population disséminée est plus facilement assimilable. Aujourd’hui la population serait concentrée dans des zones spécifiques. Avant la seconde guerre mondiale, les stratégies de recrutement de travailleurs immigrés pour les mines du Nord-Est faisaient appel à des régions entières de Pologne. Ces immigrés étaient ensuite regroupés dans des zones à forte concentration d’immigrés : 20%des Polonais résidaient dans des communes où ils représentaient plus de 50% de la population. Il y a donc bien concentration urbaine. Critique de Noiriel : Si rien ne prouve que la dissémination facilite l’assimilation, la concentration crée des solidarités « ethniques » qui constituent des bastions de résistance.

Dans les zones à forte concentration d’immigrés, les autorités sont confrontées à la mise en place de pouvoirs parallèles, entièrement aux mains de ces groupes solidaires. Cette constitution d’un Etat dans l’Etat ne favorise ni intégration, ni assimilation, car sa raison d’être est de substituer à un modèle qui existe, un nouveau modèle.
L’immigration avant guerre était célibataire.

Une immigration célibataire serait plus facilement gérable. Par le jeu du mariage l’intégration se ferait plus facilement. Avec cette affirmation le problème de la seconde génération est évacué. Si l’on veut faire appel à une population stable, il faut favoriser l’immigration familiale.

Critique de Noiriel : une immigration de célibataire pose différents problèmes, notamment ceux de la vie quotidienne des hommes seuls. Pour éviter certains problèmes de moeurs, les autorités privilégient l’installation familiale car elle préside à une plus grande stabilité. La question familiale ne se pose pas avec les familles monogames car on se trouve devant l’équation un homme + une femme = une famille. La question est différente avec la polygamie ou l’équation devient un homme + 4 femmes = une famille. On transpose alors des modes de vie totalement différents t les femmes répudiées peuvent fonder de nouveaux foyers en se remariant. Le problème n’est pas celui de la famille, mais la manière dont on peut contourner les lois concernant l’immigration.

Avant la guerre les immigrés s’intégraient dans la nation. Les mémoires publiées par certains immigrés montrent les vexations subies. L’intégration semblait facile parce que les immigrés étaient européens. L’idée d’Europe, à quelque exception prêt, n’existait pas dans l’entre-deux- guerres. Mentionner une quelconque idée européenne constitue un anachronisme.
Les immigrés étaient catholiques.

La France est un pays laïque où il y a une séparation de l’Eglise et de l’Etat. Concordat de Napoléon (1805) et loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. La France est alors un pays laïque où la classe ouvrière est fortement déchristianisée. D’autre part, le catholicisme est très diversifié. Il serait intéressant de connaître les opinions du catholicisme social (Marc Sagnier sur cette question de l’immigration).

Dans le Sud-Est l’immigration arménienne est très importante, notamment dans les années 20 après qu’ils aient été chassés de Turquie. Or les Arméniens sont orthodoxes et font partie de l’Eglise autocéphale d’Arménie. A la même période arrivent de nombreux juifs d’Europe centrale qui sont soucieux de maintenir la tradition juive.

Le catholicisme polonais a parfois été considéré comme un frein à l’intégration et à l’assimilation. Les Polonais restaient entre eux pour célébrer le culte. Le clergé était Polonais, les sermons faits en Polonais, ce qui avait pour effet d’agacer les autorités civiles qui ne pouvaient contrôler ce qui se disait. Le clergé français était favorable au regroupement des communautés polonaises qui étaient ainsi moins soumises à l’influence des syndicats laïques et marxistes.
Critique de Noiriel : Il prend ces différents éléments comme une succession de parties indépendantes, alors qu’ils font partie d’un tout : la culture. Le catholicisme, la famille constituent plus des représentation d’une culture chrétienne que l’on oppose à une culture musulmane. Pour ne pas avoir à prendre en compte le phénomène culturel dans sa globalité avec ce que cela recouvre de mode de vie, Noiriel a découpé certaines tranches de la culture pour pouvoir les soumettre aux présupposés de sa thèse. Notons d’ailleurs que l’immigration européenne en France est une immigration essentiellement chrétienne, voire catholique et non protestante. L’immigration juive en France n’a pas été sans heurts, notamment dans l’entre-deux-guerres. La question de l’assimilation et de l’intégration des immigrés est avant tout culturelle En fait le problème de l’immigration est mal posé. C’est celui d’un pays disposant de richesses qui cherche à préserver la qualité de vie de ses habitants en mettant en place des barrières contre la pauvreté. Les pauvres, les immigrés, n’ont de cesse de venir dans les pays riches.

Noiriel pose des questions, mais pas les bonnes. Il est encore pris dans le système de 1894 où l’on dénie toute valeur à la nation, où pendant longtemps on a dénié toute valeur à la différence ethnique et où seule comptait la différence de classe. Seule la lutte des classes était privilégiée et rien de devait entraver cette vision marxiste de la société. Or en 1984, l’Union soviétique est engagée depuis quatre ans en Afghanistan dont elle ne peut se dépêtrer ; des mouvements de dissidents font entendre leurs voix (Sakharov, Rostropovitch, etc.). A partir de 1985, Gorbatchev mènera une politique différente qui conduira en cinq ans à l’écroulement du système soviétique et du marxisme-léninisme. Il faut substituer autre chose à la lutte des classes...

Conclusion.
L’intégration se fait dans le milieu dans lequel on vit. Les difficultés nouvelles proviennent selon Noiriel du fait que la France est en crise ; c’est une crise du modèle national.

On a d’autre part transposé en France la situation coloniale avec les nombreux immigrants d’origine maghrébine et africaine. Cela s’est traduit par un problème de racialisation des immigrants. La France a perdu ses colonies en 1960, et depuis l’immigration provient de ses colonies. A la perte de prestige sur le plan international, s’ajoute la venue d’anciens sujets sur le territoire national.
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