Cayenne ROCHAMBEAU : une insulte à tous les descendants d’esclaves
Cayenne ROCHAMBEAU : une insulte à tous les descendants d’esclaves
vendredi 1er avril 2005 , par patzam
La France, puissance coloniale Européenne, s’enorgueillit de disposer de la base spatiale de Kourou, en Guyane française. Ce fleuron de la haute technologie, fait de la France, et de l’Union Européenne, par voie de conséquence, des acteurs majeurs de la conquête de l’espace, au même titre que les américains et les russes, voire les chinois. La coexistence sur le territoire Guyanais, de la haute technologie spatiale,et des derniers peuples amérindiens et bonis (descendants d’esclaves marrons) illustre le paradoxe de ce "département d’Amérique", en fait dernière colonie subsistant sur le continent sud Américain.
L’histoire de la Guyane, est occultée par la base de Kourou. Il y a moins de 60 ans, le bagne, dernier vestige concentrationnaire de la civilisation française, y avait encore droit de cité. Plus loin dans le temps, en 1802, le gouverneur Victor Hugues, venait y rétablir l’esclavage, aboli une première fois en 1794 par la loi du 16 Pluviôse, an II. Ironie, du sort, ce même Victor Hugues, avait été chargé précisemment, en 1794, d’abolir l’esclavage à la Guadeloupe, où il s’était illustré en faisant guillotiner de nombreux colons et propriétaires d’esclaves...
Aujourd’hui, tout visiteur qui se rend en Guyane, arrive à l’aéroport de CAYENNE ROCHAMBEAU. Sans doute, quelques voyageurs, trop peu nombreux, se sont interrogés de savoir qui était ce personnage, dont le patronyme figure au fronton de l’aéroport.
L’excellent ouvrage de R.A PLUMELLE-URIBE « La férocité blanche », en fournit, entre autres références, une description suffisamment éloquente. Je pense également à l’essai d’Yves BENOT « La démence coloniale sous Napoléon ».
Le général ROCHAMBEAU, est l’inventeur des chiens bouledogues, mangeurs de Nègres à Saint Domingue.Il s’est illustré tout au long de sa vie par sa cruauté et sa haine sans limite vis-à-vis des Noirs. La description de la bataille de Port-de-Paix, à Saint Domingue (voir « la Férocité Blanche », précité) est édifiante. ROCHAMBEAU est le tortionnaire de MAUREPAS, valeureux combattant de la liberté, compagnon de TOUSSAINT LOUVERTURE, qui a été lâchement capturé par les hommes du général LECLERC.
Quelques fidèles lieutenants du héros de la lutte pour l’indépendance d’Haïti poursuivent la lutte contre les troupes envoyées par BONAPARTE en vue de rétablir l’esclavage. Parmi ces combattants, MAUREPAS s’illustre par sa bravoure et sa détermination. Défait par l’assaut des troupes françaises, plus nombreuses, conduites par Rochambeau, MAUREPAS est capturé. Torturé devant ses soldats, il doit subir l’ultime et cruelle humiliation de voir sa femme et ses enfants noyés devant lui, avant d’être exécuté à son tour, selon les instructions de Rochambeau.
Voilà donc qui était ce personnage dont l’aéroport de la Guyane porte encore le nom. Pourtant, ce pays compte, et a compté par le passé, nombre de personnalités illustres dont la renommée a largement dépassé les frontières naturelles du territoire : Félix EBOUE, Gaston MONNERVILLE, Léon-Gontran DAMAS, représentent quelques exemples non exhaustifs, des fils et filles de la Guyane, dont le patronyme prestigieux pourrait briller sur le fronton de l’aéroport international.
N’y tenant plus, j’ai fait part de ma stupeur à Mme TAUBIRA, député de la Guyane, et elle-même à l’origine de la loi sur la reconnaissance de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Je lui indiquais pour argumenter mon propos, qu’en Guadeloupe, le nom de RICHEPANSE, artisan du rétablissement de l’esclavage dans l’île, avait été effacé du fort qui surplombe la ville de Basse-Terre, pour lui attribuer le nom de DELGRES, héros de la lutte pour la liberté. Elle m’a répondu en m’indiquant que les démarches qu’elle a entreprises en vue de débaptiser l’aéroport du nom de Rochambeau, se sont heurtées jusqu’à présent, à la passivité, pour ne pas dire l’hostilité, des responsables politiques de la Guyane et des autorités administratives (rectorat notamment). Je tiens à la disposition des personnes intéressées le contenu de la réponse de Mme TAUBIRA.
En cette période où le besoin de renouer avec la vérité historique pour tous les enfants de la traite négrière n’a jamais été aussi fort, ne serait-il pas opportun que de nombreuses voies, puissent enfin s’unir dans ce nouveau combat ?