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 Tout ça pour 11$ l'heure?

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mihou
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mihou


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11032006
MessageTout ça pour 11$ l'heure?

Tout ça pour 11$ l'heure?

Vailles, Francis

Jean-Marie Laliberté est l'un de ceux qui vivent plutôt bien de leur ferme laitière. Avec son cheptel de 70 vaches, l'homme de 55 ans réussit à tirer son épingle du jeu dans un marché serré, où les prix n'augmentent pas beaucoup.

"Si ce n'était pas rentable, on ne resterait pas dans le secteur. Mais c'est un métier particulier. Il faut vraiment aimer ça, ne pas compter ses heures et réinvestir constamment", explique l'agriculteur de Honfleur, près de Lévis.

Jean-Marie Laliberté est toutefois loin de représenter la moyenne au Québec. Selon la Fédération des producteurs de lait du Québec (FPLQ), le producteur moyen réussit à obtenir un revenu annuel d'un peu plus de 40 000$ avec ses vaches (ferme moyenne de 47 vaches). Sachant qu'un producteur laitier commence ses journées à 5h le matin, sept jours sur sept, la paye représente l'équivalent de 11,20$ l'heure pour 70 heures de travail... soit guère plus que le salaire minimum au Québec, de 7,60$.

Ce maigre salaire s'explique notamment par les prix relativement faibles du lait. Depuis 10 ans, le prix payé aux producteurs a augmenté de 2,5% par année, en moyenne. En comparaison, le revenu des familles du Québec après impôt a bondi de 4% par année durant la même période, le prix des automobiles, de 3% et la valeur des maisons en région, comme à Sherbrooke, de 5% (7% à Montréal).

"Pour la moitié des producteurs, le prix du lait ne permet pas de couvrir les coûts de production", affirme Guylaine Gosselin, directrice générale de la FPLQ, l'organisme syndical qui défend les producteurs.

C'est sans compter l'augmentation du prix des quotas, soit le permis qu'un producteur doit détenir, en quelque sorte, pour produire un certain volume de lait. Pour un producteur fraîchement sorti de l'école qui veut se lancer en affaires, il est mathématiquement impossible d'atteindre la rentabilité aux prix actuels des quotas.

Grosso modo, le droit de vendre le lait d'une vache coûte environ 27 000$ actuellement. Une nouvelle ferme de 47 vaches - la moyenne au Québec - nécessiterait donc un investissement de 1,3 million seulement pour le quota, soit plus de 70 000$ par année de frais d'intérêts? De quoi absorber totalement le salaire du fermier.

Seule planche de salut: le transfert du quota d'un parent à prix de faveur. C'est ce que fait le producteur Jean-Marie Laliberté avec son fils de 25 ans.

Le cochon

La situation n'est guère plus reluisante dans l'industrie du porc. Pour chaque cochon vendu, l'éleveur a obtenu l'an dernier 131$ sur le marché. À cela s'ajoute une compensation de 16$ venant du programme d'assurance stabilisation, financé aux deux tiers par les gouvernements. Total: 147$.

Or, le coût de production d'un cochon revient à 154$. Pour combler le manque à gagner de 7$, le producteur doit donc rogner sur son salaire et ne pas espérer obtenir de rendement sur l'argent investi. "C'est ce qui explique qu'un homme d'affaires comme Pierre Karl Péladeau n'investit pas dans la production agricole", explique Réjean Leblanc, agroéconomiste au Centre de développement du porc.

Contrairement au lait, le prix du porc est fixé sur un marché libre, notamment sur un encan électronique coordonné par la Fédération des producteurs de porcs du Québec. Chaque matin, le prix de référence est fixé sur le prix américain (USDA Market News), en Iowa, et varie en plus ou en moins selon la demande du moment. Or, il est connu que les porcheries et les abattoirs sont plus gros aux États-Unis, et que les normes environnementales y sont moins sévères, ce qui a des effets à la baisse sur le prix.

Les économistes Alain Demers et Yvon Boudreau, de la Financière agricole, sont catégoriques: "Les producteurs connaissent des problèmes majeurs de liquidités" actuellement.

En plus des questions reliées aux prix, les producteurs ont alourdi leurs factures d'intérêts ces dernières années, ayant profité des faibles taux pour investir et augmenter leur productivité. C'est sans compter que pour nombre de producteurs, la hausse de 30% du dollar canadien depuis trois ans a amoindri les revenus liés à l'exportation. C'est notamment le cas dans le secteur porcin et des légumes de transformation.

Un nécessaire élagage?

Tous ne partagent pas cet avis plutôt sombre de l'industrie, cependant. Michel Morisset, directeur du programme d'économie et de gestion agroalimentaire de l'Université Laval, affirme que l'agriculture vit un processus de restructuration, un élagage. Selon lui, certains producteurs vont disparaître au profit des plus productifs, à l'exemple d'autres industries. "À travers les associations syndicales, ce sont les petits et les moyens producteurs qui s'expriment. On entend pas les gros se plaindre", dit-il.

L'universitaire rappelle que même en période difficile, nombre de producteurs bien organisés réussissent à faire de l'argent. C'est un peu le cas du producteur laitier Jean-Marie Laliberté, de Honfleur. Avec les années, l'expérience aidant, M. Laliberté a réussi à rendre ses vaches plus productives, grâce à une meilleure alimentation et à d'ingénieux croisements génétiques. Bon an, mal an, ses vaches produisent quelque 10 000 litres de lait chacune, comparativement à une moyenne de 8100 litres au Québec.

La situation financière de M. Laliberté est également facilitée par le fait qu'il a réussi à amortir, avec les années, l'imposant investissement que représente le quota, qui était par ailleurs moins coûteux à l'époque.

N'empêche, dans certains milieux agricoles, on sent le désarroi. D'autant plus avec les pressions de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), dont l'objectif est de réduire encore les subventions agricoles afin de permettre une saine concurrence entre les pays.

Un rapport déposé en juillet sur la situation agricole reflète bien cet état d'esprit. "Les producteurs agricoles vivent depuis un certain temps déjà une profonde crise économique", affirme l'auteur Wayne Easter, qui est également le secrétaire parlementaire du ministère canadien de l'Agriculture, après avoir consulté 450 producteurs et représentants de partout au Canada.

La crise, précise M. Easter, ne touche pas l'ensemble de l'industrie agroalimentaire, mais bien les producteurs. "Certains pourront dire que les producteurs ont causé leurs propres problèmes, puisque leurs exploitations ne sont ni suffisamment importantes, ni suffisamment efficaces. Pourtant, des recherches ont démontré que les gains de productivité dans le secteur de l'agriculture sont déjà beaucoup plus élevés que dans d'autres secteurs."

Entre autres solutions, le rapport demande de rendre plus transparentes les pratiques d'établissement des prix des transformateurs et détaillants. En matière de commercialisation, il est suggéré que les producteurs s'unissent pour faire contrepoids aux grandes chaînes commerciales, à l'exemple des producteurs laitiers du Québec dont la mise en marché est collective. On demande en outre aux gouvernements d'adapter le système fiscal pour tenir compte de l'imprévisibilité du revenu.

En attendant, les fermiers s'accrochent. Certains espèrent se refaire avec les bonnes années. D'autres, comme Jean-Marie Laliberté, sont plus optimistes. "Les gens auront toujours besoin de se nourrir. Et au Québec, on est bien positionné parce que nos produits sont de grande qualité. Pour ouvrir les frontières, il faudra exiger la même qualité venant de l'extérieur", souligne-t-il.
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