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Garcia, alcoolique et violent
Le père du tueur présumé, qui ne lui parlait plus, se dit horrifié.
par Olivier BERTRAND et Alice GERAUD QUOTIDIEN : jeudi 09 mars 2006
Le père du meurtrier présumé de Chaib Zehaf, Jean-Marie Garcia, a
décidé d'écrire une longue lettre à la famille de la victime. Il se
dit horrifié par ce qui vient d'arriver. Avec son fils, ils ne se
parlaient plus depuis longtemps. Le père, qui se prénomme Jean-Marie
lui aussi, se présente comme un homme « très religieux », juif «
pratiquant », et révolté par la violence. Sur le même sujet
* Oullins : sûre du crime raciste, la famille de Chaib enquête
Samedi soir, son fils a tiré sur Chaib avec un pistolet à la sortie
d'un bar d'Oullins, dans la banlieue de Lyon. Le garçon reconnaît les
faits, était ivre, mais maintient qu'il n'y avait aucun mobile raciste
dans ce geste. Ce dont doutent la famille et les amis de la victime. «
Il a été réellement abasourdi d'apprendre qu'on puisse penser qu'il a
agi par racisme », raconte Me Frédéric Lalliard, son avocat.
Jean-Marie Garcia père parle de son fils à l'imparfait : « C'était
quelqu'un de violent, il avait des mauvaises fréquentations, mais je
ne pense pas qu'il était raciste », puis se reprend. Il raconte un
garçon perturbé par le divorce des parents à l'âge de 12 ans. « Il a
eu des problèmes de drogue, puis l'alcool n'a rien arrangé. »
« Traîne-galoches ». Violent et alcoolique : les patrons des bars
d'Oullins, qu'il fréquentait avec assiduité, brossent tous ce même
portrait. Le fait qu'il portait régulièrement une arme sur lui était
connu. Marie-Paule, tenancière du Mâconnais, se souvient d'une scène,
il y a six ans : après une altercation dans la rue avec un couple de
Maghrébins, Jean-Marie est entré dans le bar et, énervé, a tiré sur
une cabine, dehors. L'épisode lui a valu une condamnation pour
violences avec arme. Selon elle, « il aurait été en face d'un Français
ou de n'importe qui, c'était pareil. C'est un fou, un énervé ». Une
autre patronne de bar dit à l'inverse : « Je l'ai entendu plusieurs
fois parler d'"Arabes de merde" ou des trucs de ce genre quand il
avait bu. »
Le soir de la mort de Chaib, Jean-Marie se trouvait avec Eric D.,
qu'il présente comme son « frère » et qui est, en fait, le fils de la
nouvelle femme de son père. Un garçon dont la réputation à Oullins
vaut celle de Jean-Marie. « Des traîne-galoches, des vrais merdiers
pour un patron de bar », résume Sébastien, qui tient la Brasserie du
commerce, où le meurtre a pris ses racines samedi. Certains les
appelaient « les Italiens ». « Il y a sept ou huit ans, raconte
Roland, un autre patron de café, Eric avait planté un couteau dans le
bras de mon serveur. » Après avoir longtemps écumé ensemble les bars
de la ville, les deux garçons étaient fâchés. Mais ils se sont
retrouvés samedi soir. Selon l'avocat de Jean-Marie Garcia, son client
était « très perturbé » par sa séparation d'avec sa compagne. Il avait
pris rendez-vous pour régler le problème de la garde de leurs trois
enfants. Ils se sont vus plus tôt que prévu.