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 POLES DE COMPETITIVITE ET DELOCALISATIONS

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AuteurMessage
mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

POLES DE COMPETITIVITE ET DELOCALISATIONS Empty
01032006
MessagePOLES DE COMPETITIVITE ET DELOCALISATIONS

1.- POLES DE COMPETITIVITE ET DELOCALISATIONS
La création de pôles de compétitivité a été
décidée par le gouvernement
Raffarin en novembre 2004. L’objectif affiché de
ces pôles est de
"faire travailler ensemble, dans un territoire
rapproché trois types de
partenaires - des entreprises, des centres de
formation, et des unités
de recherche - autour d’un projet commun,
innovant, d’ambition
internationale. Les pôles de compétitivité ont
l’ambition de renforcer
la place de la France en matière d’innovation et
de lutter contre les
délocalisations.
Par Michel Lasserre, membre du Conseil
scientifique d’Attac France.

2.- DELOCALISATIONS : DU SECTEUR INDUSTRIEL A
CELUI DE LA RECHERCHE ET
DEVELOPPEMENT
Le phénomène des délocalisations de production
est apparu dans le secteur
industriel au milieu de la décennie 1970. En
France, ce fut par exemple
Bidermann qui commença à délocaliser sa
production de pantalons en 1974,
puis les chaussettes Kindy en 1975. Face à ce
phénomène porteur de
licenciements et aux inquiétudes qu’il engendrait
chez les salariés, les
économistes libéraux essayaient de rétablir la
confiance en s’appuyant
sur la théorie ricardienne des avantages
comparatifs.
Par Michel Lasserre, membre du Conseil
scientifique d’Attac France.

3.- PLUS D’IMPOTS POUR LE DEVELOPPEMENT
Une action Attac dans le cadre de la Conférence
ministérielle à Paris sur
le thème des taxes internationales. Critique de
l’attitude de blocage du
Ministre des Finances allemand.
http://www.france.attac.org/a5938
Par Attac Allemagne, communiqué de presse, Paris,
le 28 février 2006.
______________________________

1.- POLES DE COMPETITIVITE ET DELOCALISATIONS
La création de pôles de compétitivité a été
décidée par le gouvernement
Raffarin en novembre 2004. L’objectif affiché de
ces pôles est de
"faire travailler ensemble, dans un territoire
rapproché trois types de
partenaires - des entreprises, des centres de
formation, et des unités
de recherche - autour d’un projet commun,
innovant, d’ambition
internationale. Les pôles de compétitivité ont
l’ambition de renforcer
la place de la France en matière d’innovation et
de lutter contre les
délocalisations.

Pour mieux faciliter la mise en place et le
développement de ces pôles,
en juillet 2005 le gouvernement a évalué à 1,5
milliard d’euros sur
trois ans le soutien de l’Etat aux futurs pôles.
800 millions seront
accordés par l’Agence nationale de la recherche,
l’Agence de
l’innovation industrielle et par le groupe
OSEO-Anvar, et 400 millions
de crédits d’intervention proviendront des
différents ministères. Quant
aux 300 millions restant, ils prendront la forme
d’exonérations d’impôt
sur les bénéfices, ainsi que sur les cotisations
de taxe professionnelle
et de taxe foncière. Pour les employés effectuant
des activités de
recherche et d’innovation, les entreprises seront
exonérées de 50 % des
cotisations sociales, selon leur taille.

Pour l’instant, 66 pôles devraient être validés,
dont 15 à rayonnement
international. Ce type de projet présente des
aspects positifs en ce qui
concerne l’aménagement du territoire et
l’incitation à la recherche. La
création de ces pôles n’est donc pas une mauvaise
chose pour notre
économie, mais qu’en est-il plus particulièrement
en ce qui concerne la
lutte contre les délocalisations ?

Christian Estrosi, ministre délégué à
l’aménagement du territoire, a
déclaré le 14 septembre 2005 : « Les pôles
permettront, d’ici à 2010, la
création de milliers d’emplois, de dizaines de
milliers d’emplois, voire
de centaines de milliers d’emplois ». Si cette
prévision se confirmait
effectivement en 2010, ce serait très bien, car
ces créations d’emplois
permettraient alors de compenser une partie des
emplois qui seront
délocalisés d’ici cette date. Seulement, si on
met cette prévision de
création d’emplois en parallèle avec celle du
cabinet Katalyse [1], qui
prévoit que pour la même période les
délocalisations entraîneront la
perte de 202 000 emplois dans le seul secteur des
services, on ne peut
que douter de plus en plus de l’efficacité de ces
pôles en ce qui
concerne les pertes d’emplois consécutives aux
délocalisations.

En fait, le principal lien concret entre les
pôles de compétitivité et
les délocalisations repose sur un constat : les
délocalisations de
production concernent des produits arrivés à
maturité, c’est-à-dire peu
susceptibles d’améliorations importantes aussi
bien dans leur
utilisation que dans leurs procédés de
fabrication. Il suffirait alors
d’innover, de nous spécialiser dans
l’amélioration et la création de
nouveaux produits, pour compenser les pertes
d’emplois conséquentes aux
délocalisations de productions de biens arrivés à
maturité. Seulement,
c’est oublier que ce constat date quelque peu. Il
reposait encore sur
une base tangible il y a quelques décennies,
quand les pays émergents se
contentaient de produire et d’exporter des biens
à faible valeur
ajoutée. Or, depuis, ces pays ont développé leurs
technologies, et ont
fortement augmenté leurs capacités de recherche
et d’innovation. Ils ont
eux-mêmes développé depuis longtemps leurs
propres pôles de
compétitivité, et à une échelle bien plus grande
que les projets
français.

Les premiers « Science Park » asiatiques,
équivalents de nos pôles de
compétitivité, ont ouvert en 1980. Le rapport
2005 de la CNUCED cite le
Hsinchu Science Park de Taiwan regroupant 384
entreprises dont 52
étrangères. A Singapour, le premier Science Park,
ouvert lui aussi en
1980, regroupe aujourd’hui 300 entreprises
locales et étrangères. En
Chine, le Zhongguancun Science Park regroupe 14
000 entreprises de haute
technologie, dont 1600 d’origines étrangères.

La Chine et l’Inde forment aussi des spécialistes
très pointus dans le
domaine de la recherche, et en quantité bien plus
importante que la
France ou même l’Europe. Les entreprises qui sont
installées dans ces
pays, qu’elles soient d’origines locale ou
transnationale, ont
l’avantage de bénéficier de coûts salariaux bien
inférieur à ceux de
notre pays. Elles investissent dans la recherche
à une échelle bien plus
grande que nos futurs pôles de compétitivité, et
à des coûts bien
moindres.

Les pôles de compétitivité français
s’accompagnent certes d’aides
financières et fiscales aux entreprises, mais que
pèsent ces aides face
aux avantages qu’offrent les pays émergents ?
Face à cette réalité, que
représente la création de 66 pôles de
compétitivité en France ? Même si
l’intérêt de ces pôles reste néanmoins
incontestable sous d’autres
aspects, il apparaît clairement une très grande
limite sur leur capacité
à résister aux délocalisations.

Note :
[1] Rapport au Sénat de la Commission des
Finances du contrôle budgétaire
et des comptes économiques de la Nation, sur la
globalisation de
l’économie et les délocalisations d’activité et
d’emplois. (Rapport
Arthuis)

Par Michel Lasserre, membre du Conseil
scientifique d’Attac France.

2.- DELOCALISATIONS : DU SECTEUR INDUSTRIEL A
CELUI DE LA RECHERCHE ET
DEVELOPPEMENT
Le phénomène des délocalisations de production
est apparu dans le secteur
industriel au milieu de la décennie 1970. En
France, ce fut par exemple
Bidermann qui commença à délocaliser sa
production de pantalons en 1974,
puis les chaussettes Kindy en 1975. Face à ce
phénomène porteur de
licenciements et aux inquiétudes qu’il engendrait
chez les salariés, les
économistes libéraux essayaient de rétablir la
confiance en s’appuyant
sur la théorie ricardienne des avantages
comparatifs. Selon leur point
de vue, les délocalisations concernaient des
produits arrivés à
maturité, et relevant d’une production
nécessitant un outil productif à
faible technologie. Il était alors normal et bon
pour la croissance que
les pays pauvres et peu innovants se développent
sur ce secteur, alors
que les pays développés avaient avantage à se
spécialiser dans la
production de biens à plus haute valeur
technologique et à continuer à
innover. Les spécialisations réciproques
permettaient alors un échange
bénéfique à l’ensemble des partenaires, et nos
emplois perdus dans
certains secteurs devaient être compensés par des
emplois créés dans nos
secteurs les plus en pointe.

Dans les décennies 80 et 90, les délocalisations
se sont poursuivies dans
les secteurs industriels à faible technologie, et
le phénomène s’est
transmis entre autre aux secteurs de la
maroquinerie, des biens
d’équipements ménagers, des articles de sport ou
des jouets. En 1987,
dans son usine lyonnaise de tubes et canons pour
téléviseurs Vidéocolor,
Thomson supprime 400 emplois sur 800, et les
délocalisations se
répandent massivement dans la filière
électronique. On remarquera que
cette filière ne concerne plus seulement des
produits arrivés à
maturité, mais un secteur en pleine innovation,
et que l’invocation de
la théorie des échanges comparatifs commence dès
cette époque à se
trouver en décalage croissant avec la réalité.

Dans la même période, les premières
délocalisations apparaissent dans le
secteur des services anglo-saxons : ce sont par
exemple les centres
d’appels téléphoniques qui vont s’installer en
Irlande, ou bien la
conception de logiciels qui prend son essor en
Inde. En 1993,
l’entreprise Motorola inaugure le premier centre
de recherche et
développement (R&D) installé en Chine par des
entreprises étrangères,
Microsoft le suit en 1998. Avec l’émergence des
délocalisations dans le
secteur des services et de la R&D, l’utilisation
de la théorie
ricardienne comme justificatif des
délocalisations perd alors tout son
sens.

Avec les années 2000 les délocalisations
continuent de plus belle, dans
tous les secteurs où cela devient possible. Dans
le secteur industriel,
on assiste maintenant à la délocalisation d’une
partie de la métallurgie
et de la plasturgie européenne vers les PECO
(Pays d’Europe Centrale et
Orientale). La libération des quotas chinois sur
les exportations de
textile, début 2005, entraînent une explosion
immédiate des importations
européennes. Les menaces se précisent sur le
secteur de l’automobile, et
le constructeur automobile chinois Chery annonce
qu’il compte vendre des
véhicules à prix cassés sur les marchés
américains et européens à partir
de 2007. Les délocalisations dans le secteur de
l’électronique se
concentrent maintenant sur la Chine, laquelle
devient premier producteur
d’ordinateurs portables. Dans la région du "Delta
des Perles" se sont
installées des entreprises réalisant désormais un
tiers de la production
mondiale de lecteurs de CD, 60 % des têtes laser
pour DVD et 70 % des
photocopieurs. La société Galanz y fabrique dans
ses usines 50 % des
fours à micro-ondes vendus dans le monde.
Dans le secteur des services, les années 2000
voient nos propres centres
d’appels français s’installer à l’étranger. Pour
40% moins cher, c’est
l’Afrique francophone qui a leur préférence. On
assiste aussi à une
forte croissance des délocalisations dans le
domaine de la
sous-traitance de services aux entreprises : la
comptabilité, les
facturations, les feuilles de paye, les
commandes. En 2004, d’après une
étude de la Cnuced, ce sont 39 % des grands
groupes européens qui ont
déjà délocalisé une partie de leurs activités de
services, et 44 % qui
ont l’intention de le faire dans les années à
venir.
Les années 2000 voient aussi la montée des
délocalisations dans le
secteur de la R&D. En 2005, Airbus ouvre un
centre d’ingénierie en Chine
pour travailler sur des avions de nouvelle
génération, et STMicro ouvre
à Rabat un centre de conception de
microprocesseurs. A la fin de 2004,
la Chine comptait sur son territoire quelques 700
centres de R&D
d’origine transnationale, et plus de 100 sociétés
transnationales
avaient installé des unités de R&D en Inde. En
2005, Microsoft a ouvert
son sixième centre de recherche à Bangalore. 6
des 19 centres de
recherches de Motorola sont maintenant installés
dans des pays en
développement (Chine, Inde, Corée, Malaisie,
Singapour, Brésil). Les
transnationales pharmaceutiques installent leurs
centres de R&D plus
particulièrement en Inde (Pfizer Astra-Zeneca,
Sanofi-Aventis, Novartis,
etc.). Durant la dernière décennie, plus de 100
transnationales ont
installé des laboratoires de R&D à Singapour,
dont Rolls-Royce,
Motorola, Philips, General-Electric,
Hewlett-Packard, Matsushita, Sony,
3M, et Daimler-Chrysler. Sur 1773 projets
d’investissements de R&D à
l’étranger qui ont été lancés de 2002 à 2004,
1095 ont été entrepris
dans des pays en développement, dont près de la
moitié (861) dans la
zone Asie-Océanie.
Quant aux prévisions, elles ne laissent guère
d’espoir de voir le
phénomène s’enrayer. Bien au contraire, le
rapport annuel 2005 de la
CNUCED, estime qu’il « existe des raisons
fondamentales pour que
l’internationalisation de la recherche et
développement vers les pays en
développement se poursuive ». Si, dès
aujourd’hui, plus de la moitié des
entreprises multinationales ont délocalisé une
partie de leur R&D en
Chine, en Inde ou à Singapour, cette proportion
devrait encore
augmenter. Selon une enquête menée par la CNUCED
auprès des grands
groupes transnationaux, la Chine devrait même
devenir, d’ici à 2009,
leur premier lieu d’implantation de leurs
activités de recherche.

D’après une enquête CSA-L’Expansion-France Inter,
datée d’octobre 2004,
88 % des français estiment que la délocalisation
des entreprises
françaises est un « phénomène grave », et «
durable » pour 70 %. Leur
croissance soutenue, et plus particulièrement
dans les secteurs les plus
innovants, semble montrer que les craintes des
français sont tout à fait
justifiées.

Sources :
Rapport 2005 de la CNUCED.
Rapport au Sénat de Jean Arthuis, juin 2005.
« Désindustrialisations, délocalisations » :
rapport au Conseil
d’Analyses Economiques de L. Fontagné et J.H.
Lorenzi.
Presse économique, et plus particulièrement le
dossier sur les
délocalisations paru dans l’Expansion de novembre
2004.

Par Michel Lasserre, membre du Conseil
scientifique d’Attac France.
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