MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
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 PROPANGANDA DE NOAM CHOMSKY 1

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mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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26022006
MessagePROPANGANDA DE NOAM CHOMSKY 1

CHAPITRE 2 : Une démocratie pour spectateurs
Ces réussites ont également impressionné les théoriciens de la démocratie
libérale et les
personnalités les plus influentes du monde des médias, comme Walter Lippmann
(1) par
exemple, à l'époque figure de proue des journalistes américains, à la fois
éminent analyste
de la politique intérieure et extérieure du pays et, comme en témoignent ses
essais, grand
théoricien de la démocratie libérale. Si vous jetez un coup d'oeil à un
recueil de ses textes,
vous verrez qu'il porte comme sous-titre quelque chose comme « une théorie
progressiste
de la pensée démocratique libérale ». Lippmann, qui avait pris part aux
commissions de
propagande, en avait reconnu l'impact. Ce qu'il appelait « une révolution dans
l'art
d'exercer la démocratie» devait pouvoir, disait, il, être utilisé pour «
fabriquer le
consentement », c'est-à-dire pour obtenir l'adhésion de la population à des
mesures dont
elle ne veut pas, grâce à l'application des nouvelles techniques de
propagande.
Lippmann pensait que c'était là une bonne idée et même une idée nécessaire,
car, selon
lui, « le bien commun est une notion qui échappe complètement à l'opinion
publique
». Il ne peut être compris et géré que par une «classe spécialisée» d'« hommes
responsables », dotés des capacités requises pour donner un sens aux choses.
Selon cette
théorie, seule une petite élite, le groupe d'intellectuels auquel se
référaient les partisans de
Dewey, peut comprendre en quoi consiste le bien commun et savoir ce qui est
important
pour la collectivité, puisque ces notions « échappent complètement à l'opinion
publique
». Ce point de vue, dont l'origine remonte à plusieurs siècles, est également
caractéristique de la pensée de Lénine, selon lequel une avant, garde
d'intellectuels
révolutionnaires s'empare du pouvoir de l'État, en tirant parti des
révolutions populaires
pour y accéder et conduire ensuite les masses stupides vers un avenir qu'en
raison de leur
bêtise et de leur incompétence, elles sont incapables de concevoir elles,
mêmes. Les
prémisses idéologiques qu'ils partagent confèrent à la théorie de la
démocratie libérale et
au marxisme, léninisme une étroite parenté. Cela explique, me semble t’il, la
facilité avec
laquelle des gens ont pu passer d'un régime à l'autre sans percevoir de
change, ment
particulier. Il suffit simplement de définir le lieu du pouvoir: peut, être y
aura t’il un jour
une révolution populaire et cela nous donnera le pouvoir étatique peut être
n'y en aura t’il
pas et, dans ce cas, il faut simplement se mettre au service de ceux qui
disposent du
pouvoir réel, c'est à dire la communauté des affaires. Mais l'objectif est le
même:
conduire les masses stupides vers un monde que leur incapacité à comprendre
les
empêche de concevoir.
1 Pour plus de détails, voir Noam Chomsky, L'An 501, la conquête continue,
Écosociété,
Montréal, 1995, premier chapitre (NdT).
Lippmann a appuyé sa position sur une théorie très détaillée de la démocratie
progressiste. Il a expliqué qu'on trouve diverses catégories de citoyens dans
une société
démocratique qui fonctionne bien. Au premier plan, se trouvent ceux qui
doivent
participer activement à la gestion des affaires d'intérêt général. Ils
appartiennent à la
classe des spécialistes, ceux qui analysent, administrent, décident et
dirigent sur les plans
politique, économique et idéologique. Cette classe représente un très faible
pourcentage
de la population. De toute évidence, les promoteurs de ces idées font toujours
partie de
cette élite et parlent du sort à réserver à ceux qui en sont exclus, c'est à
dire à tous ceux
qui forment l'immense majorité de la population et que Lippmann nommait le «
troupeau
dérouté ». La tâche consiste à se protéger contre « les Piétinements et les
rugissements du
troupeau dérouté». Désormais, il y a deux « fonctions » en démocratie: d'abord
celle des
spécialistes, ces hommes qui dirigent le pays, ceux à qui revient le rôle de
penser et de
planifier, ceux qui comprennent ce qu'est le bien commun; ensuite, la fonction
dévolue à
ceux qui font partie du troupeau dérouté. Leur rôle en démocratie, explique
Lippmann,
c'est d'être des « spectateurs» et non des participants actifs. Toutefois,
puisque nous
sommes en démocratie, leur rôle ne s'arrête pas là. De temps en temps, on leur
permet de
donner leur appui à tel ou tel membre de la classe des spécialistes. En
d'autres termes, on
leur accorde la possibilité de dire « c'est celui-ci que nous voulons pour
chef » ou bien «
c'est celui-là », puisque nous sommes une société démocratique et mon un État
totalitaire.
C'est ce que l'on appelle des élections. Mais, dès qu'ils ont donné leur appui
à l'un ou
l'autre des spécialistes, on attend des membres du troupeau qu'ils se retirent
et
redeviennent spectateurs de l'action sans y prendre part. Ce sont là les
règles d'une société
démocratique qui fonctionne bien.
Il y a une logique dans tout cela et même une sorte de principe moral
contraignant.
Ce principe, c'est que la majorité de la population est tout simplement trop
stupide pour
comprendre les choses. Si elle essayait de participer à la gestion de ses
propres affaires,
elle ne réussirait qu'à susciter des problèmes. Par conséquent, il serait
immoral et
inconvenant de la laisser faire. Notre devoir nous impose de dompter le
troupeau
dérouté, de ne pas lui laisser l'occasion d'exercer sa violence, de tout
piétiner et
détruire. Cette logique est la même que celle qui veut qu'on ne permette pas à
un enfant
de trois ans de traverser la rue. On ne lui laisse pas ce genre de liberté
parce qu'il ne
saurait en user convenablement. De la même façon, on n'autorise pas le
troupeau dérouté
à prendre part à l'action, car il ne pourrait que créer des problèmes.
Il est donc nécessaire de trouver le moyen de dompter le troupeau et ce moyen
n'est rien
d'autre que la fabrication du consentement, cette révolution dans l'art
d'exercer la
démocratie. Les médias, l'enseignement et la culture doivent être séparés: on
a un
système pour l'élite et un autre pour la populace. Ces trois éléments doivent
fournir à la
classe politique et aux décideurs une vision convenable de la réalité, mais
ils doivent
aussi leur inculquer les dogmes appropriés. N'oublions pas qu'il y a ici une
prémisse
implicite dont les responsables doivent se cacher à eux-mêmes l'existence.
Cette prémisse a trait aux moyens par lesquels ils parviennent aux postes de
décision.
Naturellement, ils n'y parviennent qu'en se mettant au service des gens qui
disposent du
pouvoir réel, c'est à dire de ceux qui possèdent la société, un groupe très
restreint de
personnes. C'est dans la mesure où les spécialistes se montrent capables et
désireux de
servir les intérêts de ce groupe qu'ils accèdent aux postes de commande. Tout
cela doit se
faire discrètement, ce qui signifie que les spécialistes doivent avoir
assimilé les dogmes et
les doctrines qu'on leur inculque et qui servent les intérêts des puissants.
Ceux qui n'y
parviennent pas ne feront pas partie de cette classe. Ainsi avons, nous un
système
d'instruction spécifiquement conçu pour ceux qui seront responsables, qui
feront partie de
la classe des spécialistes. Leur endoctrinement au service des valeurs et des
intérêts du
pouvoir privé, et du tandem « Etat - monde des affaires » qui le représente,
doit être
profond. Ceux qui réussissent à se soumettre à cet endoctrinement peuvent
alors
appartenir à la classe des spécialistes. Il ne reste plus qu'à distraire le
troupeau dérouté, à
détourner son attention, à le protéger contre sa prédisposition à créer des
problèmes, à
s'assurer qu'il demeure tout au plus spectateur de l'action, en veillant
néanmoins à
l'autoriser de temps en temps à appuyer l'un ou l'autre des vrais dirigeants,
parmi lesquels
il lui est alors possible de choisir.
Nombreux sont ceux qui ont développé ce point de vue fort conventionnel, en
fait. Par
exemple, Reinhold Niebuhr, chef de file des théologiens et spécialiste de
politique
étrangère, quelquefois baptisé « le théologien des pouvoirs établis », le
gourou de
George Kennan (2) et des intellectuels de l'administration Kennedy, soutenait
que la
faculté de raisonner est très peu répandue, que seul un nombre restreint de
personnes la possède. La plupart des gens se laissent dominer par leurs
émotions et leurs
impulsions. Ceux d'entre nous, expliquait, il, qui possèdent la faculté de
raisonner doivent
créer des « illusions nécessaires » et des « simplifications abusives, mais
émotionnellement convaincantes » pour maintenir plus ou moins dans la bonne
direction
les simples d'esprit naïfs. Cette idée est devenue l'un des principaux thèmes
des sciences
politiques contemporaines. Durant les années vingt et au début des années
trente, Harold
Lasswell, le fondateur du secteur moderne des communications et l'un des chefs
de file
américains des sciences politiques, expliquait qu'il n'était pas souhaitable
de succomber «
au dogme démocratique selon lequel les gens sont les meilleurs juges quand il
s'agit de
leurs propres intérêts », car ils ne le sont pas. Nous sommes les meilleurs
juges en matière
de bien commun, estimait, il. Par conséquent, par simple souci de morale, il
est
indispensable de faire en sorte que les gens n'aient aucune possibilité d'agir
puisqu’ils
appréhendent faussement les choses. Dans ce qu'on qualifie, de nos jours,
d'État
totalitaire ou d'État policier, c'est une tâche facile. Il suffit de brandir
une matraque au
dessus de leurs têtes et de leur en asséner un bon coup s’ils s'écartent du
droit chemin.
Cependant, à mesure qu'une société devient plus libre et se démocratise, on
est forcé
d'abandonner cette option. Il faut donc recourir aux techniques de propagande.
La logique
est très simple. La propagande est à la société démocratique ce que la
matraque est à
l'État totalitaire. Encore une fois, dirons nous, il est bon d'agir ainsi et
c'est faire preuve
de sagesse, car le bien commun échappe complètement au troupeau dérouté. Il
est
incapable de le comprendre.
2 Georges Kennan, chargé de diriger les planificateurs de la politique
mondiale au secrétariat
d'État américain en 1948-1949 (NdT).
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