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 LUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 7

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mihou
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mihou


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LUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 7 Empty
15022006
MessageLUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 7

Les principautés berbères, soumises aux Ezzeyzat, Idaw Kël ou IdeyChelli comme les Soninké, Wolof et Hal-pulaar de l'Assaba voient l'espace de sécurité se réduire. Beaucoup de migrations du Nord vers le Sud ont été notées du côté wolof avec la fondation, entre la fin du XIIIe et le milieu du XIVe siècles, de villages au centre du Sénégal, mais dont l'origine mauritanienne est incontestable (Ndiourbel, Gossas, Bokhol, Mouït, etc ). La plupart viennent du Tagant-Assaba, du Trarza et du Brakna actuels.
C'est lors de ces morcellements qu'une grande partie de Peuls émigre vers l'est mauritanien, le Mali, le Sénégal ou la Guinée sous la direction de leurs chefs, les Lam Termès, Lam Tooro ou Lam Taga. De nombreux villages sont abandonnés dans l'Adrar, le Tagant et le Hodh pour des régions plus clémentes au plan climatique et plus sûres au plan militaire. Des patriarches tentent encore d'éviter la servitude à leurs sujets lors des révolutions de palais qui remettent le sort des vaincus entre les mains des négriers transsahariens. Parmi eux, Maga Diallo, pour le Massina malien (dont une partie du clan restera à Tichit, dans le berceau du premier Massina) et Dulo Demba (vers le Fouladou et la Guinée). Des descendants de ces migrants, dont les Tenguella, reviennent de Guinée. Mais ils doivent faire face, au Mali et dans la Mauritanie orientale et centrale, au prosélytisme islamique des Askia du Songhaï. Dans la vallée du Sénégal, ces descendants de Tenguella, suivant Koly, son fils, éliminent les Tonjon et les différents Lam, trop liés au Songhaï, après avoir été les vassaux du Mali et principaux supports du commerce saharien d'esclaves. Or, tout laisse à penser que les Tonjon, d'extraction populaire et servile, avaient tenu les destinées de la région pour eux-mêmes, pendant plus d'un siècle. Même s'ils finirent par être vassalisés à tour de rôle par les empires du Mali et du Songhaï.
Koly Tenguella les fait remplacer, à chaque étape de sa marche sur les ruines du Tékrour, par leurs héritiers, eux-mêmes, vassalisés par le nouveau pouvoir central des Satigi Déniyanké. Nous avons déjà vu combien ce pouvoir avait été corrompu par les deux grandes traites (saharienne et atlantique). L'arrivée de Koly élargit le champ de ponction en faveur de l'Atlantique dès le milieu du XVIème siècle : de Diarra - près de Nioro, au Mali - à Déni Birom N'dao, en face de Bambilor-M'Birkilane et Sangalkam au Sénégal, pour être en contact direct avec le Gorée des Portugais, des Hollandais, avant celui des Français et des Anglais. On croit d'ailleurs que certaines familles de Sérères, reliquat de celles qui avaient déjà fui l'islamisation du Tékrour et le Wagadu au XIème siècle, avaient gagné l'intérieur du Sénégal avec l'installation de la dynastie déniyanké. Cette descente continuera, quelques décennies plus tard, avec le développement du mouvement des marabouts (XVIIème siècle). On note la présence, dans la région de Thiès, au Sénégal, de communautés sérères dont les traditions font remonter leur présence dans la région entre le milieu du XVIème siècle et la fin du XVIIème. On pense pour cette période à certaines familles comme celles de Agnam Godo, de Thilluki ou de Fanaye (Sénégal-Mauritanie). Chaque dynastie se donnait les moyens d'équiper de puissantes armées pour se défendre, pour faire la guerre et participer au négoce international d'esclaves en en fixant les prix de vente. On croit comprendre ici l'importance de l'armée du LamTermès de Guimi, l'Ardo Yéro Didi qui pouvait aligner jusqu'à plus de 40.000 chevaux , en 1534, face à Koly Tenguella si l'on en croit les Chroniques du Foûta sénégalais.
La séquence historique qui précède l'officialisation de la traite atlantique (fin du XVème siècle) est riche d'enseignements sur la refonte des États soudanais. Mais, pour ce qui est des mouvements sociaux, nous sommes réduits à des conjectures. Même s'il est aisé de cerner les effets induits de cette refonte d'États et des recompositions ethniques perceptibles dans l'anthropogénèse de l'esclavage et de la résistance anti-esclavagiste en Mauritanie et dans l'ensemble régional de l'hinterland Sénégal-Niger / Sahara-Sahel.
B. Résistances, libérations nationales et anti-esclavagistes modernes dans la région sénégalienne.
L'esclavage de case ou domestique était devenu depuis longtemps une culture en soi. L'aliénation des esprits était telle que l'esclave lui-même aidait son maître à en acquérir d'autres. L'ordre servile ne constituait pas ou plus une menace de destabilisation des institutions (s'il l'avait jamais été, comme nous le pensons dans le cas des Tonjon,au XIIIème-XIVème siècle).
La traite saharienne a permis des reclassements et des révolutions politiques, sous le couvert de la religion (Manna et Lamtûna), au XIème siècle, et de l'anti-atlantisme qui allait devenir, au XVIIème siècle, le levin nécessaire à la lutte anti-esclavagiste. "Le XVIIème siècle, singulièrement, fut une période troublée pendant laquelle les convictions religieuses de la classe dirigeante furent ébranlées par la grande chasse à l'esclave qui venait de s'instaurer". La classe maraboutique, et non les esclaves, sont, comme au XIème siècle au Tékrour et en milieu maure, le fer de lance de la lutte contre les monarchies pourvoyeuses du commerce esclavagiste. Il est symptômatique de constater que la lutte contre l'esclavage domestique n'aura pas été le ressort principal du mouvement des marabouts, mais bien l'opposition à la traite esclavagiste et à ses agents.
L'idéologie prêchée est cependant celle de l'égalité des musulmans et la traite sert de ferment à la Jihâd. L'appel s'adresse surtout aux masses paysannes - toutes catégories sociales confondues - contre leurs aristocraties, stipendiées pour la traite esclavagiste. Cette dernière pouvant devenir la porte d'entrée à des développements nouveaux de transformation sociale. Bien qu'entamée, cette dernière sera inachevée. Déjà au Maroc, avec Mohamed Al Ayashi, en Algérie, avec Al Maghili et au Songhaï, avec Askia Mohamed, nous assistons à la levée de boucliers maraboutiques contre le phénomène esclavagiste profitables aux formations sociales lointaines, surtout européennes. Les adeptes des thèses "du grand réformateur Al Maghili, très nombreux dans le Sudan occidental depuis son séjour au Songhay sous l'Askiya Mohammed (les zawaya berbères d'origine sanhadjienne, descendants des Almoravides étaient de ceux là) [prenaient leurs souverains] pour de mauvais musulmans, et même des mécréants, car, sous des apparences musulmanes (respect des prières, du jeûne, paiement de la zakat), ces fournisseurs d'esclaves s'adonnaient à des pratiques anti-islamiques, comme le pillage des biens de leurs sujets musulmans ou la spoliation de ceux des orphelins".
En Mauritanie, le mouvement maraboutique contre la traite esclavagiste et contre ses relais locaux part du Trarza, dans la deuxième moitié du XVIIème siècle (vers 1674). Il se poursuivra un siècle après, au Fuuta, au Waalo et au Cayor-Ndiambour. Nasr Al Dîn ibn Abhoum Al-Deymaani en est l'âme. Il s'allie aux marabouts noirs des Étas sénégaliens et devient l'idéologue du mouvement. Ce mouvement prend d'abord pour cible les Béni Hassan. "Une violente réaction qui prit l'allure d'un véritable Jihad contre les Hassan qui opprimaient leurs sujets et qui étaient assimilés à des infidèles".
Le mouvement ne réussit pas à vaincre les monarchies esclavagistes ni à les remplacer par d'autres, moins compromises par l'atlantique que dans les États négro-africains. En effet, au Waalo, au Fuuta et au Cayor, les marabouts ont réussi à renverser leurs souverains et à entamer des réformes. En milieu maure, les marabouts (zawwaya) sont vaincus et déclassés dans la hiérarchie politique et sociale par les Beni Hassan, principaux relais du commerce esclavagiste. Nasr Al Dîn, vaincu, est tué, et ce sacrifice ne saurait être oublié par les anti-esclavagistes. Son frère, Mounir Al Dîn, qui prend la tête du mouvement pour continuer à contester l'ordre Hassan, est lui-même vaincu (même s'il avait fini par collaborer lui-même avec les compagnies de la traite installées à Saint-Louis du Sénégal, en vue de contrebalancer la puissance des Arabes du Trarza). Mais sous Mounir Al Dîn, la nature et les motifs de la poursuite de la guerre contre les Béni Hassan semble avoir changé. Elle n'est plus entièrement de l'anti-esclavagisme, mais bien la défense d'un ordre politique et social en passe d'être remis en question, et à leur avantage, par les Beni Hassan. Ces derniers font échouer le mouvement et, du côté des États négro-africains les souverains reprennent également le dessus.
La chasse aux sorcières ne se fait pas attendre. Partout, les marabouts sont mis à l'index. L'un des adeptes - probablement disciple de Nasr Al Dîn - Malick Sy, quitte le Fuuta, désormais reconquis par les Satigi, pour créer l'État du Boundou plus à l'est, dans le Haut Sénégal-Falémé. Cette chasse aux marabouts, dont certains sont vendus aux négriers, provoque des migrations dont au Fuuta Djallon et en Guinée-Conakry, et dont les immigrants participent à la révolution maraboutique de 1725 d'Alfa Sambégou Barry.
L'ordre ancien est rétabli, mais la contestion de l'esclavage continue. Les marabouts ou, selon le dicton local, "les administrateurs de l'invisible", travaillent désormais dans l'ombre pour d'autres rééditions de la lutte, mais non pas en milieu maure, où l'élément qui l'animait avait été vaincu, mais dans les États du fleuve Sénégal et du Haut-Sénégal. Certains de ces marabouts, comme ceux du Goundiour et du Boundou, ne tardent pas, quant à eux, à divorcer avec ce bel idéalisme pour devenir eux-mêmes des marchands d'esclaves.
C. Révoltes d'esclaves contre les négriers et contre les marabouts fournisseurs d'esclaves dans l'est de l'actuel Guidimakha (Mauritanie) et du cercle actuel de Kayes (Mali).
L'histoire de la traite a retenu les révoltes d'esclaves en 1702 et en 1722 à Kainura. Juste avant la première révolte, les marabouts de Dramané deviennent le fer de lance de la campagne et des révoltes anti-françaises.Voyant que la Compagnie du Sénégal, dirigée par André Brüe tire à elle seule les bénéfices de la traite en plus de la tentative de les contourner pour se ravitailler directement chez les fournisseurs, ils se tournent vers les Anglais de Gambie. Ce qui jure avec leur message de libération et retourne les insurgés de Kainura contre eux, en 1702.
On comprend que le ravitaillement en esclaves dans cette partie du Haut-Sénégal-Niger par les royaumes Bambara de Ségou et de Kaarta, vers les escales des fleuve Sénégal et Gambie, gêne le Maroc qui y nomme (nous l'avons déjà dit) son représentant, chargé de décourager cet acheminement d'esclaves entre Tombouctou et la côte atlantique pour ne pas tarir la main-d'oeuvre indispensable aux usines de sucres et aux plantations de cannes autour de Marrakech.
Combien d'autres soulèvements les chroniques ont-elles laissé dans l'ombre pour ne retenir que le plus connu qui a eu lieu à travers la révolution de libération nationale du Fuuta Tooro ? Les recherches en histoire sociale, qui ne font que commencer, le diront.
D. La révolution torodo abolit l'esclavage de traite négrière en 1785
Les archives nationales mauritaniennes, sénégalaises et françaises que nous avons consultées et les travaux du professeur Oumar Kane auquel nous empruntons l'essentiel de la partie concernant la ponction esclavagiste dans la région sénégalienne, nous ont appris que la vallée du Sénégal, et particulièrement le Fuuta Tooro, ont fourni le moins d'esclaves à la traite atlantique. C'était le maillon faible dans le mouvement historique d'articulation à l'économie-monde capitaliste dans sa phase d'accumulation. Ce serait par ce maillon que nous devrions certainement saisir la chaîne opératoire qui permit le triomphe, en 1776, du combat anti-esclavagiste mené par la classe maraboutique, sous la conduite de son idéologue, le Cheikh Souleymane Baal.
La victoire sur l'esclavage de traite au Fouta entraîne sa suppression dans tout le territoire de l'État, le remplacement de l'Etat monarchique qui avait eu une existence de près de trois siècles par une république théocratique éléctive, l'imposition de tributs aux États maures et wolof esclavagistes vaincus.
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