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 LUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 5

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
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LUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 5 Empty
15022006
MessageLUTTES ANTI-ESCLAVAGISTES EN MAURITANIE 5

1) L'esclavage et la destructuration des sociétés et États de l'espace mauritanien : l'exemple du Fouta Toro au XVIIe- XVIIe siècle
Dans la première moitié du XVIIIe siècle, le commerce esclavagiste domine tout l'espace mauritanien. "On dort le soir homme libre, on se réveille au milieu de la nuit, esclave", dit un chroniqueur qui caractérisait ainsi l'époque. De nombreux villages du Sud de la Mauritanie et de la Sénégambie nord disparaissent sous le chassé-croisé des razzieurs. Beaucoup de leurs ressortissants se retrouvent asservis dans la Mauritanie centrale et orientale, comme leurs patronymes et mythes d'origine le laissent entrevoir (ponction dans les Etats du Fouta, Waalo, Cayor, Djolof, Cayor, Guidimakha et les États Bambara du Kaarta et de Ségou, pourvoyeurs d'esclaves). D'autres villages de la rive droite du fleuve Sénégal se vident pour se replier sur sa rive gauche, qui leur sert de bouclier naturel contre les attaques surprises des Maures et des Horma marocains. Les capitales provinciales du Fouta et du Waalo sont replacées dans des abris pratiquement imprenables (ceux de l'Île à Morfil et autres villes traditionnelles comme Mboumba, Thilogne, Gollere, Nder, etc , pour ne citer que ceux-là). Les émirs des Trarza et des Brakna soumettent le Fouta au paiement d'un tribut annuel, le Mûd Horma, qui durera cent ans (1677-1776).
Les Marocains et les Européens alternent sur les rives du fleuve Sénégal. Ils contractent des alliances avec les souverains des États de l'espace mauritanien, qui affichent une loyauté intéressée dans le but évident de les mettre de leur côté face à leurs rivaux locaux. Ces souverains jouent très souvent des rivalités de ces puissances. Or, les puissances en question ont des objectifs à la fois communs et différents. Le Maroc vise l'acquisition d'esclaves et des débouchés commerciaux qui l'obligent à inaugurer une politique coloniale indirecte de l'espace mauritano-malien (voir plus haut : 8.2). Mais une telle politique débouche sur un impérialisme marocain qui ne saurait s'appuyer que sur les Béni Hassan. En pays maure, les souverains marocains utilisent la technique de l'allégeance au khalife de la communauté musulmane marocaine (la Baya). Ils se présentent comme les sultans de l'islam occidental auxquels tous les musulmans de la région devraient se soumettre. Vu que dans l'Islam, aucune royauté n'est prévue si ce n'est celle de Dieu, on peut flairer là des préoccupations temporelles et purement manipulatrices d'extension territoriale.
Les Européens, encore au stade mercantiliste, n'avaient nullement programmé de conquête coloniale. L'assurance de débouchés stables pour les produits européens et la fourniture continue d'esclaves, de gomme, et d'or étaient leur préoccupation principale. Ils redoutaient donc toute alliance entre le Maroc et les souverainetés locales. Saint-Robert se plaint des bons rapports qu'entretiennent le Satigi (roi) du Fouta Boubacar Ciré Sawa Lamou et le Sultan du Maroc Mulay Ismaïl, dans la capitale duquel (Meknès) le Fouta est représenté par son ambassadeur en la personne de Gakou Sawa Lamou, le Prince Héritier de la couronne. Mais cette alliance avec le Maroc profite plus aux Horma-soldats de la couronne marocaine - envoyés comme coopérants militaires auprès de certains monarques demandeurs - qu'à leurs pays d'origine ou d'accueil. Profitant de leur séjour auprès du nouveau roi du Fouta Toro qu'ils ont aidé à conquérir le pouvoir, les Horma échappent à toute discipline. Ils attaquent souvent les navires commerciaux européens, à l'aller comme au retour de Saint-Louis, et traversant le Fouta en direction du Galam (Haut-Sénégal). La célèbre attaque contre le chaland français "Le Parfait", le 10 juillet 1718, entre dans cette logique. La Compagnie se plaint de cet acte des Horma et de la perte de 77 esclaves et six blancs et noirs, membres de l'équipage, détournés vers une direction inconnue. Ce sera en vain qu'André Brüe, le directeur de la Compagnie du Sénégal, demandera l'aide du souverain du Fouta pour punir ou l'aider à punir les Marocains.
Il faut souligner également le fait qu'à l'époque, chaque souverain local offrait des cadeaux - des esclaves - aux Marocains, aux émirs maures et aux Européens en guise de reconnaissance ou pour se voir vendre des armes dans son conflit avec d'autres prétendants de la couronne. On se demande encore combien d'esclaves le Satigi Boubacar Ciré eut pu fournir gratuitement aux Marocains pour se débarrasser de Guéladio Djégui, le prétendant à la couronne du Fouta (vaincu par Qaïdi, le chef des Horma)? Combien de son côté, Guéladio Djégui en avait-il donné à la compagnie pour son soutien contre Boubacar Siré? En 1723, Le Satigui Boubou Moussa, une fois arrivé au pouvoir, envoie à Démion, directeur de la Compagnie des Indes Occidentales, un cadeau de cinq captifs pour demander son aide afin de combattre Ely Chandora, l'émir des Trarza, et ses Horma qui attaquent les villages du Fouta et menaçent son trône. Mais cela n'empêche pas Boubou Moussa de perdre le pouvoir au profit de Samba Guéladio Djégui, alors que Démion continuait à traiter des esclaves au Fouta. Boubou Moussa élargit la résistance autour Samba pendant six ans. La Compagnie profite du conflit pour vendre les victimes de chaque camp aux Maures, aux Horma et à la Compagnie du Sénégal.
Le ratissage d'esclaves dépasse bientôt les frontières du Fouta. Un indice en est donné par la plainte des marabouts du Gadiaga à Charpentier, à Bakel, concernant les pillages que Samba opère chez eux. Mais Samba, tantôt allié aux Horma marocains, tantôt aux Maures ou à la Compagnie, ne court aucun risque d'être rappelé à l'ordre. Il joue intelligemment des rivalités entre les Horma et la Compagnie, qu'il renseigne sur les déplacements des premiers. Quand il prend le pouvoir, il se rapproche de la Compagnie et promet à Saint-Robert de lui vendre cent captifs en contre-partie de la poudre et des balles. Il s'engage davantage auprès de la Compagnie en signant le traité du 5 mars 1737, par lequel il entend livrer des esclaves et recevoir en retour des armes et des marchandises, indispensables au renforcement de son pouvoir.
a) Quelques sources de l'esclavage de traite
- Les disettes et les guerres économiques (1715-1756)
Les crises alimentaires, les guerres entre royaumes, les conflits dynastiques, les rapines et les maladies transforment les populations en proie facile pour les esclavagistes. On offre gratuitement des surplus d'esclaves. Les prix deviennent dérisoires et très souvent, les personnes s'offrent d'elles-mêmes comme esclaves pour éviter la famine ou pour ne pas tomber sous les balles pendant les guerres civiles répétées et désormais intensifiées dans tout l'arrière pays sénégalo-nigérien. Les captifs sont si nombreux que se pose le problème de leur entretien. Le seul frein réel à l'acquisition de captifs est l'impossibilité de les nourrir jusqu'à leur trouver preneur. Lambert se plaint même de la quantité de captifs (177 au total) traités en rivière en deux voyages, en 1723. En 1726, le stock des 600 captifs de Bakel pose de sérieux problèmes d'entretien alimentaire et sanitaire. La Compagnie Royale enregistre un chiffre annuel total de 844 esclaves en 1754, parmi lesquels 400 dans l'esclaverie de Saint-Louis, 350 dans celle de Gorée et 94 dans celle de Bakel. Ces chiffres augmenteront l'année suivante (1755) puisque la Compagnie peut amortir ses pertes en esclaves grâce aux 500 qui restent en vie sur un total de 945 acquis au cours de l'année. La Compagnie revend alors 980 esclaves, parmi lesquels se trouvent les 500 épargnés par la faim et les maladies. Il en reste encore 222 à Saint-Louis et 200 à Gorée, qui attendent certainement d'être retapés avant d'être revendus...
Le pays est livré aux pillages, à la guerre civile et aux méfaits de la disette. Plumet en témoigne en 1716 et déplore fort l'affliction des populations. Il nous renseigne encore sur d'autres fléaux : l'accentuation de la disette de 1723 par l'invasion de sauterelles et des Horma marocains. La gravité de la famine oblige Noirs et Maures à se nourrir de gomme pour tromper leur faim. Elle est pour eux "une assez bonne nourriture". La Compagnie se plaint de la mauvaise qualité physique des esclaves traités dans cette conjoncture. Ils "sont maigres et sentent encore la famine qui était dans le pays". C'est encore Saint-Robert qui se plaint ainsi d'avoir eu à traiter de tels captifs (le 7 octobre 1723). La famine et les guerres endémiques, la situation désespérée vécue par les populations du Djolof, du Cayor, du Waalo, des confins maures et du Fouta dureront longtemps. Delvaux parle de "disette de mil et de tous autres vivres".. Mais ce sont surtout les années 1734 et 1735 qui semblent les plus meurtrières et les plus violemment marquées par les guerres intestines. Au Gadiaga, de Saint-Adon signale la désertion des villages, le spectre de la famine et les conflits qui y règnent, surtout ceux qui opposent Samba Guéladio et Konko Boubou Moussa, signalés ici parce qu'ils perturbent le commerce européen. Les Maures en profitent pour contrôler le trafic commercial du Cayor. Les Dramancours, Maures du Sud-ouest de la Mauritanie, sont en rapport avec les Damel.
Pour les circonscrire, la Compagnie demande à ses membres et traitants de ménager le Fouta pour tirer le maximum de mil que ce pays risque de vendre ailleurs. Parce que le contingentement opéré par les Maures à l'encontre des Européens en bloquant le débouché cayorien des céréales ne devrait pas se répéter au Fouta, devenu le principal pourvoyeur de Saint-Louis. La sécurité des navires est compromise du fait de la guerre et des razzias. Les paysans maures réduisent l'exploitation de la gomme pour se reconvertir dans le commerce du bétail, du sel et du mil, qui demandent moins d'efforts que l'agriculture et la cueillette. Les guerres entre les royaumes du Fouta et du Waalo d'une part (le Brak du Waalo fait le siège de Podor, 1754) et entre le Cayor et le Sine d'autre part, barrent les voies de ravitaillement de Saint-Louis en denrées alimentaires. Mais la famine de 1753 est jugée comme la plus étendue et la plus meurtrière. Dans une lettre adressée au Conseil Supérieur de Direction de Gorée, Aussenac insiste sur la misère qui règne en Gambie, et sur le fait que pour obtenir un barrique de mil il fallait donner en échange 10 à 20 fusils. Les maladies endémiques et les épizooties font le reste. Elles ravagent les populations et les troupeaux. Entre décembre 1724 et janvier 1725, 15 captifs entassés à l'esclaverie de Saint-Louis mourront des suites de la fièvre jaune. Le maître du comptoir du Galam, de Saint-Adon écrit avoir perdu pour cause de maladie quelques 160 boeufs et 60 captifs et s'estime encore heureux du fait qu'il lui reste 180 captifs à vendre et une réserve de 39 marcs d'or. Malgré l'abondance des récoltes dans le royaume du Waalo, suite aux inondations destructrices et abondantes de l'hivernage de 1753, des villages entiers seront encore victimes des vendettas. Le mémoire de Lacourbe, appelé "Mémoire sur le Commerce de Guinée" (1687), souligne que les Satigui du Fouta Toro acquierrent chacun "annuellement des Maures des chevaux pour une valeur de 60 à 80 esclaves, soit en moyenne 70 esclaves par an".. Ainsi, pour le seul Fuuta 9950 captifs sont vendus par les Satigi entre 1675 et 1810, rien que pour l'acquisition de chevaux.
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