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QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides

 

 L'apartheid américain

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zapimax
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zapimax


Nombre de messages : 654
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 14/06/2005

L'apartheid américain Empty
04022006
MessageL'apartheid américain

L'apartheid américain

John R. MacArthur
Édition du lundi 23 janvier 2006

Mots clés : États-Unis (pays), Gouvernement

Lors de la grève des transports qui a paralysé
New York avant Noël, je
me suis retrouvé, dans un taxi devenu collectif,
serré contre une
élégante femme d'un certain âge qui ne paraissait
pas du tout
apprécier la situation

Étant obligés de partager les taxis surchargés
tels des naufragés, on
se sentait aussi dans l'obligation de partager
nos vies avec nos
concitoyens. Sans que l'on ait besoin de
l'encourager, ma voisine bien
mise a vivement manifesté sa colère contre les 34
000 membres du
syndicat -- y compris son président Roger
Toussaint -- qui avaient
créé ce chaos à la veille des grandes fêtes
religio-commerciales.

«Ces gens sont allés trop loin, cette fois-ci»,
a-t-elle lancé aux
trois autres passagers, dont une jeune Asiatique
collée à son portable
et un grand Latino silencieux. «Peut-être ne
devrais-je pas m'exprimer
ainsi devant des étrangers, mais vraiment !»

Très vite, il s'est avéré que son objection
n'était pas a priori
contre les syndicats. «Mon père était peintre, et
il a toujours milité
pour le syndicat», a-t-elle déclaré. Qu'y
avait-il de changé par
rapport à l'époque de son père ? Je n'ai pas eu
de réponse cohérente,
si ce n'est qu'on «demandait trop» et qu'elle se
trouvait maintenant
de l'autre coté de la lutte des classes.

Je soupçonne que la rancoeur sous-entendue de ma
copassagère,
caucasienne et d'origine tchèque, visait ces
grévistes notamment parce
qu'ils étaient noirs. Plus de la moitié des
membres du syndicat dirigé
par Toussaint (des «brutes» a dit le maire
milliardaire de New York,
Michael Bloomberg) sont des Afro-Américains et
environ les deux tiers
font partie de minorités. L'accent trinidadien de
Toussaint (déjà lié
dans l'inconscient historique avec le
révolutionnaire haïtien
Toussaint-Louverture) a sans doute fait grincer
des dents une
population habituée à la politique raciale de
Ronald Reagan, qui a
sans cesse ridiculisé les avantages et les droits
spéciaux revendiqués
par les descendants de l'esclavage.

Malgré le progrès réel des Afro-Américains (et de
leurs confrères un
peu plus fortunés des Caraïbes) depuis les années
60, l'écart entre
Blancs et Noirs aux États-Unis demeure. Les
réussites spectaculaires
de quelques vedettes comme Condoleezza Rice, Bill
Cosby et Richard
Parson nous cachent le fait que les conditions de
vie se dégradent
chez une masse qui ne connaît ni progrès
économique ni amélioration
sociale.

On ne peut pas échapper aux statistiques si on
veut examiner
sérieusement la condition critique de ce peuple
handicapé. Un enfant
noir né en 2002 a une espérance de vie de cinq
ans plus courte qu'un
enfant blanc en moyenne. En 2004, il y avait 24,7
% de la population
noire qui vivait sous le niveau officiel de la
pauvreté par rapport à
8,6 % pour les Blancs. En ce qui concerne le
revenu familial, la
différence est encore plus dramatique : pour les
foyers noirs le
revenu médian était de 30 134 $, bien en deçà des
48 977 $ des foyers
blancs. La même chose pour l'assurance médicale
où 19,7 % des Noirs
n'avaient aucune protection comparativement à
11,3 % pour les Blancs.
(Le péché des grévistes du transport à New York
était d'avoir presque
rattrapé le niveau du salaire moyen des Blancs :
40 000 $ à 45 000 $
par année, heures supplémentaires non comprises.)

Cependant, les statistiques peuvent aussi
obscurcir la vraie politique
sociale du gouvernement. Depuis l'ère Reagan, où
il est devenu courant
sur les ondes publiques de se moquer des «welfare
queens» baignant
supposément dans la corruption de l'assistance
sociale frauduleusement
acquise, la police et le système judiciaire ont
laissé tomber les
gants. Aujourd'hui 43,3 % des 1,9 million de
prisonniers mâles en
Amérique sont noirs (majoritairement moins de 45
ans), alors que les
Afro-américains ne comptent que pour 13 % de la
population des
États-Unis. La tolérance zéro affichée par de
nombreux policiers et
politiciens est en fait un euphémisme pour priver
une population, avec
qui on ne veut plus être en relation, de tout
espoir.

L'avenir n'est pas plus encourageant pour les
relations entre les
races en raison de la ségrégation continuelle et,
dans certains cas,
de la «reségrégation» des écoles publiques. À
Chicago, Washington,
Saint-Louis, Philadelphie, Cleveland, Los
Angeles, Détroit, Baltimore
et New York, les minorités noires et latinos
représentent de 75 % à 94
% des élèves.

Les succès médiatiques de Colin Powell et de
Condoleezza Rice
permettent aux gens de se leurrer devant un
racisme plus insidieux
qu'il n'était dans la période précédant 1963,
l'année de la fameuse
marche sur Washington. D'après Jonathan Kozol,
journaliste et champion
des étudiants pauvres, «beaucoup d'Américains
[...] ont la vague
impression que les cas extrêmes d'isolement
racial qui constituaient
un enjeu national de première importance il y a
40 ans ont
graduellement diminué. [...] La vérité,
malheureusement, est que la
tendance, pendant plus d'une décennie, a été
précisément le
contraire.» Pas surprenant, alors, que l'élection
de George Bush en
2000 ait été rendue possible par l'élimination
frauduleuse de milliers
de voix noires en Floride.

Les déclarations sentimentales des grands
personnages politiques la
semaine dernière (de Hillary Clinton à George W.
Bush) lors du jour
férié commémorant la naissance de Martin Luther
King Jr n'aident
point. Car même les gestes symboliques ne sont
pas épargnés par notre
racisme. Selon un sondage de AP/Ipsos, le jour
consacré à la mémoire
du noble Dr King, celui qui a payé de sa vie pour
aider son peuple,
n'a été respecté que par un tiers des entreprises
privées.

Mais on peut, effectivement, voir beaucoup de
visages noirs à la
télévision et dans les matchs sportifs.

John R. MacArthur est éditeur du magazine
américain Harper's.re
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