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 l’Economie de la traite des esclaves 2

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mihou
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mihou


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02062005
Messagel’Economie de la traite des esclaves 2

« On vend une noire de 30 ans, robuste, elle sait laver, cuisiner et amidonner. On ne la vend pas cher parce qu’elle a un petit défaut ; on vend aussi une Noire Mina, bonne vendeuse ambulante ; rue de Carme n°53 »
« On cherche à louer pour la maison d’une famille, une esclave pour servir de nourrice, néanmoins on demande qu’elle vienne d’une maison compétente et avec les conditions suivantes : qu’elle soit très fidèle, sans vices, qu’elle ne sorte pas dans la rue et qu’elle soit châtiée lorsqu’elle le mérite. Celui à qui cela convient peut s’adresser à ce journal. »
« On vend une très jolie et saine petite négresse de 12 ans pour en faire ce que vous désirez ; rua do Sabão n.36. »

Récolte de coton, Mississipi, Sud des Etats unis, 1870.

Le capital. Les principales fortunes et profits économiques bâtis par les esclaves des îles et du continent américain sont essentiellement liés aux cultures du sucre, du café, du tabac et du coton. Mais il existait également des cultures et de produits régionaux et secondaires, comme celles de l’indigo, le rhum, l’eau-de-vie, les épices, le rocou, le cacao ( principalement aux Antilles), la patate douce, le manioc, etc. les esclaves étaient également exploités dans les mines d’or, de diamants, de fer, de charbon, etc.
Du 17ième au 19ième siècle, l’économie des Antilles anglaises était dominée par la culture du sucre. A la fin du 19ième siècle, la Barbade comptait près de 1 500 plantations, où près de 700 000 esclaves produisaient 80 000 tonnes de sucre par an, destinés au marché européen. L’Europe était en effet totalement dépendante des denrées coloniales à cette époque, et absorbait la quasi-totalité des productions des Amériques. La concurrence étant de mise entre les colonies anglaises, portugaises, espagnoles et françaises, les esclaves étaient contraints à sur-produire pour permettre à chacune de se tailler la meilleure part du marché. Lorsque celui-ci était saturé, au point que l’Europe faisait interdire certaines cultures aux colonies (notamment le sucre), les esclaves servaient à recycler l’économie vers d’autres types de profits.

En milieu urbain, c’était essentiellement un marché de services qui prédominait, donc des bénéfices à court termes pour les propriétaires d’esclaves. Ces derniers devaient exercer dans la rue toutes sortes de métiers et d’activités pécuniaires. Au Brésil par exemple, la plupart des esclaves urbains étaient des escravos de ganho, c’est-à-dire des " esclaves de gain ". Ils étaient chargés de rapporter chaque jour une somme d’argent fixée par leurs propriétaires, et ce par n’importe quel moyen. L’esclave devait la plupart du temps chercher par lui-même le moyen de réunir cette somme. C’était pourquoi les rues de ville de Rio de Janeiro étaient littéralement envahies d’esclaves, proposant toutes sortes de services et de marchandises. La majorité d’entre eux étaient des vendeurs ambulants de sucreries, d’aliments, de volaille, d’étoffes, d’eau, etc.

Esclaves vendeurs ambulants, dits " de gain ", Rio de Janeiro, 1819-1820

Les hommes étaient souvent des porteurs qui vidaient les cargaisons des bateaux, transportaient des meubles, voir des personnes. Les esclave de gains " nourrissaient " leurs propriétaires au quotidien, et les familles qui possédaient plusieurs de ces " sources de revenus" jouissaient d’une vie plus que confortable. Pour être plus " productifs ", beaucoup d’entre eux étaient loués à la journée ou au mois, pour des travaux domestiques, des travaux publics, de la maçonnerie, menuiserie, etc. L’esclave était une double source de revenus, pour ce qu’il pouvait rapporter à son propriétaire et pour ce qu’il valait en lui-même. Dans les pages économiques des journaux, les ventes et les locations d’esclaves représentaient jusqu’à 80% de " transactions économiques" de la ville de Rio de Janeiro au 19ième siècle. Entre 1870 et 1875, la ville a connu un record de 60 000 à 65 000 esclaves vendus ou loués annuellement, sur une population esclave estimée à moins de 49 000 individus. Et ce uniquement par le biais des petites annonces, puisque ces chiffres ne comprennent pas les autres réseaux commerciaux (ventes aux enchères, maisons de notaires, etc.) Ce qui laisse toutefois deviner l’ampleur des profits économiques et financiers.


L’esclave était donc le bien le plus lucratif de son temps, à la fois produit et moteur économique. La main-d’œuvre esclave était omniprésente dans tous les secteurs de l’activité économique et sociale, et a constitué le moteur de développement et la source de richesse de l’ensemble des sociétés coloniales. Le commerce triangulaire et l’esclavage ont également été l’un des principaux " tiroirs-caisse" de l’Europe durant près de 4 siècles. Avec une rentabilité estimée à 30%, la traite a directement contribué à l’essor de villes comme Bordeaux et surtout Nantes. Conjuguée à l’économie esclavagiste des Antilles anglaises, elle est à l’origine de la révolution industrielle de l’Angleterre au 19ième siècle. Ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres villes et pays, d’Europe et d’Amérique, bénéficiaires de l’exploitation d’êtres humains. Mais tous ont un point commun : Ils n’ont eu aucun mal à oublier les larmes, la sueur et le sang, que les Noirs ont dû verser pour leur prospérité.

Sources

-The Story of the Sea , Arthur Thomas Quiller-Couch ed., London, 1895-96.
-La France Maritime , Amédée Gréhan ed , Paris, 1837.
-John Mawe, Travels in the Interior of Brazil, London, 1812.
-Henry Chamberlain, Views and costumes of the city and neighborhood of Rio de Janeiro...during the years 1819 and 1820, London, 1822.

* Les statistiques ( ainsi que la photographie) sur le commerce des esclaves à Rio de Janeiro au 19ième siècle ont été établis par mes soins, à partir des journaux et des livres de ventes et d’achats d’esclaves, conservés à la Biblioteca nacional et aux Arquivo Nacional de la ville de Rio de Janeiro.

Bibliographie

-Jean MEYER, Esclaves et Négriers, Découvertes Gallimard, Paris, 1997.
-Susanne EVERETT, history of slavery, Chartwell Books inc., New Jersey, 3ième ed., 1999

Aux origines de la diaspora africaine se trouve la traite négrière...
Par Fleur du Kasaï
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