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QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides

 

 Interview de La Rumeur par le Gri Gri

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mihou
Rang: Administrateur
mihou


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Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Interview de La Rumeur par le Gri Gri Empty
13122005
MessageInterview de La Rumeur par le Gri Gri

Interview de La Rumeur par le Gri Gri
La Rumeur : " On rétablit des lois d'exception. La télé, c'est
l'ORTF "

Présents sur la scène rap depuis plus de dix ans. Une crédibilité
incontestée. Traînés devant les tribunaux par le ministère de
l'Intérieur pour avoir dénoncé les bavures policières. Des textes
sans équivalent en France sur le plan politique. Des actions avec le
M.I.B. (1) ou les Indigènes. La Rumeur et son "rap de fils
d'immigrés" était le client idéal pour le Gri-Gri… Rencontre avec
Ekoué et Hamé.

Pourquoi on vous entend si peu depuis le début des émeutes ?
Hamé : Il y a une récupération, de petits intérêts particuliers, une
sorte de classe moyenne artistico-culturelle, plus ou moins issue de
l'immigration… Et c'est eux qui ont la visibilité.
Ekoué : Ça permet de mieux nous resservir la soupe des "Français
issus de l'immigration non-intégrés". Soyez des Français et tout ira
bien.
H. : Les mecs qui brûlent des bagnoles sont très bien intégrés, ce
sont des Français. Mais intégrés au sous-sol.
E. : Quand les agriculteurs déversent leurs récoltes dans la rue,
c'est pas le même gâchis ? On a vu à la télé un jeune demander
pourquoi Sarkozy ne va pas "provoquer" en Corse… Sur le plan
médiatique, voir des flics blancs taper sur des Blancs… Et quand on
sait le poids des Corses en Afrique, toucher à la Corse, c'est
toucher à la France. Alors que des intérêts financiers en banlieue,
y'en a pas.

Pourquoi les mecs ne viennent pas casser dans Paris ?
E. : Pour qu'ils sortent de leurs cités, déjà, c'est compliqué. Ce
qui inquiète Poivre d'Arvor, quand il interroge Villepin, c'est de
savoir si nos centres-villes sont menacés. On est tous d'accord,
symboliquement, c'est ici, dans Paris, qu'il faudrait casser, c'est
ici qu'il y a le pognon…
H. : Ensuite, on sait ce qui va se passer. On va saupoudrer la
banlieue de fric. Acheter la paix sociale.

SOS Racisme a récupéré en 86 les mouvements qui avaient débouché sur
la Marche pour l'Égalité… Mais les militants d'alors étaient
politisés. Pas ceux-là…
H. : En plus, il n'y a pas de leader-récupérateur identifié.
N'importe qui peut s'approprier cette colère.
E. : Quand on en est à demander à la deuxième religion de France de
régler les problèmes des quartiers, c'est un aveu d'échec de la
République.
H. : D'ailleurs, c'est l'U.O.I.F. (2) — donc Sarkozy, puisqu'il leur
a donné leur légitimité —, donc l'islam, qui sert d'extincteur.
E. : Comme en Afrique noire on a utilisé les marabouts.

Vous diriez quoi à un mec qui "casse" en ce moment ?
E. : C'est toujours délicat… On sait qu'ensuite il va se prendre
tout dans la gueule, ça va être hardcore pour lui… Je lui dirais de
se politiser, de savoir pourquoi il fait ça. J'en croise. Certains
me disent : "Avec ce que les Français font en Afrique, c'est un
juste retour des choses." Ce discours-là m'intéresse. Parce que,
franchement, des voitures qui brûlent, à côté de l'ingérence de la
France sur le continent africain, des guerres, des charniers, c'est
rien. Symboliquement, ça se passe presque au moment où sort la loi
[dite du 23 février 2005] sur les bienfaits de la colonisation…

Comment interprétez-vous le relatif silence des antiracistes
institutionnels ?
H. : De la part de la gauche, l'idée c'est rester dans le rôle
d'opposition, en égratignant, mais un peu seulement. Le PS est
d'accord avec l'état d'urgence et le couvre-feu — honteuse mesure
d'exception, prise pendant la guerre d'Algérie… Quand on parle
de "l'héritage colonial", on nous trouve caricaturaux. À Clichy-sous-
Bois, où les deux gosses sont morts, le maire, PS, a mis dans les
pattes des familles des gosses un avocat ami personnel de Hollande.
En restant prudent, SOS [Racisme] y va. Un peu.

E. : Ça dépasse les clivages gauche-droite. À part reprocher à
Sarkozy de mettre de l'huile sur le feu, on s'entend sur
l'essentiel. Nous, on a joué à Evreux, à Mantes-la-Jolie, ce sont
des poudrières. Si pour quelques bagnoles on s'effraie, qu'est-ce
que ce sera si les mecs font tout péter ?
H. : Tout péter avec un objectif politique serait quand même plus
bandant.

Quand Sarkozy a débarqué à Argenteuil, la première fois, vous avez
pensé quoi ?
H. : C'était un prélude. Il est en campagne, par rapport à
l'électorat d'extrême droite : "Pas besoin de Le Pen, je n'ai pas
peur. Je suis même prêt à me faire caillasser…" C'est ce qu'il avait
fait, en allant au Bourget, aux rencontres de l'U.O.I.F., réactiver
le débat sur le voile… Il était sûr de s'y faire siffler. Ce qui se
passe est suscité par lui. Le jour de la mort des deux gosses, il
les traite de cambrioleurs… En fait, les deux s'apprêtaient à rompre
le jeûne, les flics sont arrivés pour un contrôle d'identité…
Sachant que ça peut mal tourner, les mecs se sont barrés pour
s'éviter ça et être chez eux pour la rupture du jeûne. Il s'agit
d'une bavure. Point.
E. : Villepin semble avoir une posture plus apaisante. Mais, en
Afrique, il a plus de sang sur les mains que Sarkozy… Lui, c'est le
Rwanda. Et ça, c'est pas du passé… La nouvelle habitude consiste à
se confiner dans le passé, dénoncer le colonialisme pour ne pas
évoquer le néo-colonialisme. Moi, j'en ai rien à foutre des 150 ans
de la fin de l'esclavage… Il ne faut pas que le rapport au passé
occulte le véritable débat.

Vous m'avez parlé d'une émission de télé déprogrammée…
H. : Il était prévu sur France 2 un débat, monté par Ardisson. On
nous a contactés. En haut lieu finalement, il a été décidé que ça
n'aurait pas lieu…
E. : C'est très cohérent. On rétablit des lois d'exception, datant
de 1955. La télé, c'est l'ORTF.


Que répondez-vous à ceux qui disent que la violence ne résoud rien ?
H. : Comme Disiz la Peste ? (rires) Le monde avance comment si ce
n'est pas par la violence ? Kool Shen (ex NTM) a bien répondu dans
une émission : si on insufle 100 millions d'euros, c'est bien parce
que les mecs ont cassé…

Le mot de la fin ?
E. : Ne parlons plus d'émeutes, mais de révolte. Il y a un
côté "marxiste"… Ils s'en prennent à des symboles. La voiture, c'est
l'individualisme et la propriété. Les écoles… C'est là qu'on
fabrique l'échec. Et toutes les grandes enseignes, genre Saint-
Maclou, qui bénéficient des zones franches, et embauchent rarement
les gens issus des quartiers.

Propos recueillis par Grégory Protche

1 - Mouvement pour l'Immigration des Banlieues
2 - Union des Organisations Islamiques de France



Source : Numéro 43 - jeudi 17 novembre 2005 (publication
progressive)
http://www.lesamisdugrigri.com/journal/no43/no43pg89.html
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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