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 FRANÇALGERIE :CRIMES ET MENSONGES D’ETATS 1

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mihou
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mihou


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Localisation : Washington D.C.
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06122005
MessageFRANÇALGERIE :CRIMES ET MENSONGES D’ETATS 1

Ce n'est donc pas un hasard si l'histoire semble se répéter dans la même région, en août 1955, dix mois après le déclenchement de la guerre d'indépendance. Responsable local de l'Armée de libération nationale (ALN), Youssef Zighout incite la population du Constantinois à se révolter, comme le rapporte l'historien Gilbert Meynier, auteur d'une magistrale histoire du FLN : « Le 20 août, en fin de matinée, en une trentaine de points du Constantinois, accompagnés de femmes et d'enfants, plusieurs milliers de paysans, sommairement armés de bâtons, haches, faucilles, fourches, serpes de démasclage de liège, couteaux, soigneusement encadrés de djounoud [combattants de l'ALN] en armes, s'élancèrent contre les civils - surtout européens - et contre des objectifs militaires ou administratifs. [.] Comme dix ans plus tôt, la répression fut impitoyable. [.] Des mechtas entières furent exterminées. Des centaines de gens furent enfermés au stade de Skikda où se produisirent des assassinats de masse. Des milices européennes surexcitées se livrèrent à la chasse à l'Arabe, en particulier lors des obsèques de soixante Européens à Skikda. Le maire de Skikda, Benquet Crevaux, se vanta d'avoir tiré de son balcon sur tout passant qui n'était pas européen. [.] Un rapport militaire rapporte que soixante civils auraient été exécutés sans jugement à El-Khroub et enterrés au lieu-dit Saroui. Un autre mentionne pour le seul secteur d'El-Harrouch sept cent cinquante morts [16] . » Bilan total : quelque 5 000 civils assassinés.

Janvier 1957, Kabylie. Récit de l'écrivain Mouloud Féraoun : « Des viols systématiques sont commis aux Ouadhias. Les soldats ont eu quartier libre pour souiller, tuer, brûler. Les maquisards de leur côté ont cru bon d'accabler la population et de la terroriser pour éviter qu'elle ne se rallie [aux Français]. C'est à qui se montrera le plus cruel, du fellagha ou du soldat. L'un pour continuer à dominer les ruines, l'autre pour les libérer de cette domination. [.] Après la mort du lieutenant Jacote, [.] le douar a été ratissé. Le premier village fut carrément vidé de ses habitants. Dans les autres villages, on a cueilli tous les hommes. Les hommes ont été enfermés tous ensemble durant quinze jours. On en a tué environ quatre-vingts, fusillés par petits paquets chaque soir. On faisait préparer les tombes à l'avance. Par ailleurs, après quinze jours, on a constaté que plus de cent autres avaient disparu. On suppose qu'ils ont été enfermés dans des gourbis pleins de paille et brûlés. Aucun gourbi, aucune meule ne subsiste dans les champs. Les femmes sont restées dans les villages, chez elles. Ordre leur fut donné de laisser les portes ouvertes et de séjourner isolément dans les différentes pièces de chaque maison. Le douar fut donc transformé en un populeux BMC [bordel militaire de campagne] où furent lâchées les compagnies de chasseurs alpins ou autres légionnaires. Cent cinquante jeunes filles ont pu trouver refuge au couvent des Sours blanches et chez les Pères blancs. On ne trouve aucune trace de quelques autres [17] . »

Dans un documentaire de Patrick Rotman, diffusé sur France 3 en 2002, un ancien appelé confirme que la région des Ouadhias devint quelques jours durant un immense bordel. Pire : il révèle qu'un jour, un soldat sort un nourrisson de son berceau et lui fracasse la tête en le projetant contre un mur. Poussé à la confidence, il avouera finalement être lui-même l'auteur de ce terrible geste [18] .

Cette année 1957, Tahar Zbiri, officier de l'ALN, fait état dans l'Aurès de « civils sommairement exécutés ou jetés dans le vide à bord d'hélicoptères ou du haut d'un ravin, de tortures collectives, de femmes mises à nu puis déchiquetées par des chiens excités par de sadiques paras à bannir du rang de l'humanité ». Ces évocations, écrit Gilbert Meynier, « concordent avec le célèbre article de Robert Bonnaud, paru en avril 1957 dans la revue Esprit, et intitulé "La paix des Nementchas" [19] ». Dans le Nord-Constantinois, à Béni-Tlilane, « douar de 2 000 habitants, il y aurait eu près d'une centaine d'exécutions et l'oued aurait été teinté en rouge. Des hommes auraient été obligés de creuser leur tombe avant d'être abattus. D'autres auraient été enterrés vivants ou achevés à coups de hache [20] ».
Outre les massacres (méthode employée également par le FLN, comme lors du massacre dit « de Mellouza » - il s'agissait en fait du douar voisin de Béni-Ilmane -, lors duquel les trois cent un habitants masculins du village furent assassinés, le 29 mai 1957, pour cause de collaboration supposée avec l'ennemi [21] ), l'armée française a fait de la torture systématique une arme de terreur. Prétendument justifiée par la « recherche de renseignements », sa pratique a été portée à une échelle jusque-là inédite, notamment lors de la « bataille d'Alger », début 1957 - ce que reconnaîtra en 2002 l'un des principaux responsables de cette politique, le général Paul Aussaresses [22] . Mais les Français ont aussi expérimenté en Algérie d'autres méthodes très efficaces de guerre contre-insurrectionnelle, comme la création de faux maquis destinés à discréditer l'adversaire. Exemple : la « Force K ».

En octobre 1956, Maurice Lassabe, un ancien commissaire de police sous Vichy promu divisionnaire en Algérie, recrute Djillali Belhadj, alias « Kobus », un militant indépendantiste alors emprisonné. Objectif du policier français, qui se fait appeler M. Aideux (E2, un service qui, comme en métropole, s'occupe des manipulations), racontent Roger Faligot et Pascal Krop : « Convaincre Kobus de travailler pour les Français en organisant dans la région de Duperré un contre-maquis contrôlé par la DST. Officiellement, cette "Force K" sera antifrançaise, mais, en sous-main, alimentée par les Français, elle combattra le FLN [23] . » Composée d'anciens nationalistes « retournés » ou recrutés de force, de criminels en fuite ou de voyous déguisés en combattants du FLN, la « Force K » est secrètement commandée par les capitaines Conille et Hentic, deux agents des services spéciaux français. Pour discréditer le FLN, elle fait courir la rumeur que ce dernier est inféodé aux communistes et que ses membres sont donc des « anti-Dieu » - cette surenchère intégriste, on le verra, sera répétée presque à l'identique dans les années 1994-1997 par les GIA de la Sécurité militaire, pour décrédibiliser les maquis de l'Armée islamique du salut (AIS).

Une autre technique de guerre psychologique, redoutablement efficace, a été mise en ouvre par les Français : faire croire à l'ennemi qu'il était totalement infiltré afin de l'inciter à organiser des purges injustifiées. C'est ce qui est arrivé en 1958 à un haut responsable de l'ALN, le colonel Amirouche, chef de la wilaya 3 (Kabylie). Intoxiqué par les services d'action psychologique du capitaine Paul-Alain Léger, il procéda à une terrible épuration des maquis kabyles, qui restera dans les mémoires sous le nom de « complot bleu », ou « bleuite » - affaire relatée en détail par Gilbert Meynier [24] . Spécialement visés, les plus instruits. D'une nouvelle recrue lettrée à la fois en arabe et en français, Amirouche aurait dit : « Celui-ci mérite d'être égorgé deux fois [25] . »
Le 30 juillet 1958, à son PC dans l'Akfadou, « devant environ six cents djounoud chantant en chour des chants patriotiques et assemblés en carré au garde-à-vous pour que leur soit divulgué le complot, commencèrent les grandes séances d'interrogatoires où furent entendus les principaux cadres du "complot". [.] Le tribunal militaire commença ses séances le 2 août pendant que se poursuivaient les interrogatoires. [.] Alors que des gradés enchaînés attendaient leur supplice, des dizaines d'autres enduraient diverses tortures. [.] D'après un rapport de l'aspirant politique Hocine Zahouane, "le colonel Amirouche [.] réagit d'une façon brutale et spontanée, sans réflexion aucune. En confiant la direction de l'enquête, je veux dire des tortures, à un certain capitaine Ahcene [.], ancien collaborateur de la Gestapo, il déclencha le système de tortures le plus terrifiant que l'on ai jamais vu. [.] Outre les méthodes de la baignoire, de la flagellation, de la pendaison par les pieds, les coups de pied et de poing, des systèmes incroyables allaient voir le jour : l'arrachage des ongles, l'insertion d'aiguilles entre ongles et chairs, l'induction d'essence et l'inflammation des parties sexuelles. [.] Amirouche lui-même aurait déclaré que 20 % des exécutés étaient innocents, mais il se serait défendu en ces termes : "En tuant les deux tiers des Algériens, ce serait un beau résultat si l'on savait que l'autre tiers vivrait libre" [26] . » Au total, estime l'historien Sadek Sellam, les purges effectuées au sein de l'ALN de 1958 à 1961, largement provoquées par les opérations d'intoxication de l'armée française, ont fait quelque 7 000 victimes, privant ainsi la révolution algérienne d'une bonne partie de ses cadres [27] .

Cette affolante contamination par les méthodes de l'adversaire fera malheureusement école. La torture deviendra une pratique routinière pour les forces de sécurité de l'Algérie indépendante. Et lors de la « sale guerre » déclenchée en 1992, les généraux du « clan éradicateur » vont reprendre et perfectionner les méthodes de guerre contre-insurrectionnelle mises au point par l'armée française quelque trente-cinq ans plus tôt.
1988-2004 : la « sale guerre » des généraux éradicateurs

« Je suis prêt et décidé à éliminer trois millions d'Algériens s'il le faut pour maintenir l'ordre que les islamistes menacent [28] . » En prononçant cette phrase, en mai 1992, devant quelques dizaines d'officiers supérieurs à Alger, le colonel Smaïl Lamari, dit « Smaïn », numéro deux des services secrets algériens, se rend-il compte qu'il inscrit son action dans la droite ligne de celle de ses prédécesseurs français ? Comme les généraux Massu ou Bigeard, dont les paras torturaient les Algériens avec d'autant plus de facilité qu'ils ne les considéraient pas comme des hommes, mais comme des « ratons », ou des « bougnoules » [29] , les généraux éradicateurs algériens justifient désormais leurs crimes en considérant leurs adversaires islamistes comme des « infra-humains » (terme qui sera explicitement utilisé par certains intellectuels soutenant l'armée).
Et surtout, tout au long de la « troisième guerre d'Algérie », ils ont déployé - selon les termes de l'organisation Algeria-Watch, auteur en octobre 2003 d'un remarquable rapport sur ce sujet - une « effroyable "machine de mort", en large partie secrète, [.] utilisant, à une échelle sans précédent dans l'histoire des guerres civiles de la seconde moitié du xxe siècle, les techniques de "guerre secrète" théorisées par certains officiers français au cours de la guerre d'indépendance algérienne, de 1954 à 1962 : escadrons de la mort, torture systématique, enlèvements et disparitions, manipulation de la violence des opposants, désinformation et "action psychologique", etc. [30] ».

Très liés à la DST française, celle-là même qui avait excellé dans la création de « faux maquis » destinés à terroriser la population lors de la guerre d'indépendance, les chefs du DRS (ex-Sécurité militaire), « Toufik » Médiène, « Smaïn » Lamari et Kamel Abderrahmane, créent ainsi à leur tour à partir de 1991 des « contre-maquis ». Composés d'islamistes « retournés » et secrètement commandés par des officiers du DRS, ces faux maquis qui se font appeler, comme les vrais, « Groupes islamiques armés » reçoivent pour mission de terroriser la population. À partir de l'année 1994, le DRS multiplie ces faux maquis et parvient même à placer à la tête de l'ensemble des « groupes islamiques armés » (les vrais et ceux qu'il dirige secrètement) un islamiste qu'elle contrôle : Djamel Zitouni.

Pour les généraux éradicateurs, la manipulation des GIA présente de nombreux avantages : elle permet d'inciter la population à se retourner contre les vrais islamistes en rébellion contre le régime, mais également de couvrir les opérations de « sale guerre » menées par les forces spéciales de l'armée, des opérations qu'il est impossible d'assumer devant l'opinion publique internationale. Dès 1993, les officiers du DRS qui arrêtent des suspects, de nuit, dans les montagnes, prennent ainsi l'habitude de se faire passer pour des islamistes. Au fil des mois, ces méthodes de « guerre contre-insurectionnelle » qui permettent de faire croire à la population qu'elle est systématiquement victime de « Groupes islamiques armés » vont permettre de brouiller les pistes en rendant difficile la distinction entre les crimes commis par de véritables islamistes et ceux imputables à des commandos des forces spéciales de l'armée. À l'été 1997, la confusion atteindra son comble avec l'organisation dans les banlieues islamistes d'Alger de terribles massacres de civils couverts par l'armée et commis par des commandos mixtes composés d'anciens islamistes « retournés » par les autorités et d'officiers du DRS infiltrés agissant avec la garantie que l'armée n'interviendrait pas.

Et les généraux vont également utiliser la couverture du « GIA » pour prendre Paris en otage. Dès 1993, des citoyens français sont en effet la cible de nombreuses opérations « terroristes », en Algérie puis en France même. Attribuées à l'époque au « GIA », ces opérations sont aujourd'hui dénoncées par plusieurs anciens officiers du DRS comme ayant été des opérations de « guerre psychologique » commanditées par les généraux pour terroriser la population française et contraindre Paris à soutenir coûte que coûte leur politique répressive. Comme l'OAS à la fin de la deuxième guerre d'Algérie, les généraux auront donc été jusqu'à utiliser le terrorisme pour contraindre la « métropole » à ne pas les lâcher.
Guerres génocidaires et paix des cimetières

Dans chacune des trois guerres qui viennent d'être évoquées, la France est donc impliquée. Mais à chaque époque, correspond une mentalité. En 1830, on tue, on brûle, on pille et on s'en vante avec une décontraction qui en dit long sur la façon dont les militaires français considéraient les « indigènes ». Entre 1945 et 1962, les méthodes sont comparables, mais l'époque a changé. Certes, les Algériens sont encore des indigènes dépossédés de droits, mais avec la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée en 1948, il devient plus difficile d'assumer les crimes contre l'humanité commis par l'armée. Pour combattre l'ennemi avec succès sans s'aliéner l'opinion publique internationale, les militaires français mettent au point des méthodes de « guerre moderne » particulièrement efficaces [31] : obsédés par leur échec en Indochine face au « Viêt-cong », leur objectif premier est de couper les résistants de la population (« retirer l'eau au poisson »), grâce à l'« action psychologique » et aux techniques de basse police, qui frappent cruellement la population civile [32] .

Après 1988 et le massacre à la mitrailleuse de plusieurs centaines de jeunes manifestants à Alger, c'est en coulisse et au prix d'une gigantesque manipulation de l'islamisme et de l'opinion publique internationale que va se mener la troisième guerre d'Algérie. Pour justifier l'interruption des premières élections libres de toute l'histoire du pays et le coup d'État qui s'ensuit, les putschistes vont en effet tout faire pour inciter l'opposition islamiste à basculer dans la lutte armée, un scénario apocalyptique sur lequel ils s'appuient encore aujourd'hui pour justifier leur maintien au pouvoir. En cent soixante-quatorze années, la population algérienne n'aura décidément jamais eu le droit de choisir ses dirigeants et elle aura payé un lourd tribut à la colonisation.
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