Libération consacre sa Une de reparution au «bleu blancs noirs», alors que «la fédération des Noirs de France, qui voit le jour ce samedi (regroupant 56 associations et collectifs) entend lutter pour l'intégration et pour la reconnaissance du passé esclavagiste de la France». L'éditorial constate : «La France est une Nation multiraciale. Sa République assure à tous ses citoyens la liberté. Mais elle peine à empêcher que certains ne soient plus égaux que d'autres en raison de leurs origines. Et la fraternité qu'elle exalte se brise sur le rempart de la couleur de la peau». Aussi est ici souhaitée «une République à l'image d'un peuple dont les ancêtres ne sont plus seulement Gaulois, mais aussi Haoussas, Viets, Kabyles ou Indiens». Tout en marquant ses réticences, «car l'esprit de la République peut s'anéantir dans les populismes identitaires», l'Humanité redit combien «la crise sociale s'acharne particulièrement sur les familles issues de l'immigration». Elles «sont 20 % plus pauvres. Plus pauvres en tout : chômage, logement, santé, éducation. C'est ce qu'on appelle la discrimination ethnique. Pas du fait d'individus racistes, mais d'une sorte de mécanisme ordinaire, qui a perfidement désédimenté quelques principes républicains fondamentaux. La discrimination à l'embauche en restant la forme la plus visible».
Les Dernières Nouvelles d'Alsace observent que «l'égalité des chances ne se décrète pas. Et une loi ne saurait être un ressort dynamique pour ouvrir une nouvelle fraternité nationale. Changer les regards et les comportements, c'est une autre paire de manche. Et c'est à nous tous d'ouvrir l'exaltant chantier de notre identité collective». Dans Le Monde, un des instigateurs de la Fédération visant à «favoriser l'émergence d'une conscience noire» déclare : «nous voulons lever une armée pour la France et non contre la France. En posant la question noire, nous voulons prendre part et éclairer les débats sur l'état du pays».
A propos de mémoire, France Soir annonce que l'année prochaine sera érigé à Douaumont, «sur l'un des sites les plus symboliques de la première guerre mondiale», un mémorial en «hommage de la France aux soldats du Maghreb». Entre 1914 et 1918, plus de 28 000 Nord-Africains sont morts lors de la bataille de Verdun. Un autre mémorial, signale Libération en page 3, sera construit «à partir de l'automne 2007, à Nantes, premier port négrier de France». Ce sera le premier monument «en l'honneur de l'abolition de l'esclavage en Europe pour un coût annoncé de 6 millions et demi d'euros». Un dernier chiffre fourni par ce journal sous la même rubrique : «Cinq millions : c'est le nombre de Noirs qu'il y aurait en France, selon la Fédération des Associations Noires de France». Tandis que la télé (c'est encore l'Huma qui l'écrit) demeure «trop blanche pour être vraie».
Alain Masson