Loi du 23 février 2005 : l'Outre-mer en colère
NOUVELOBS.COM | 30.11.05 | 08:23
Le maintien de l'article de loi imposant la reconnaissance du "rôle
positif de la présence française" a suscité des réactions hostiles
en Martinique.
Le rejet d'un texte des socialistes abrogeant l'article de la loi du
23 février 2005 sur le rôle positif de la présence française outre-
mer par la majorité UMP, mardi 29 novembre à l'Assemblée Nationale,
a suscité des réactions hostiles en Martinique. Les députés ont
rejeté mardi par 183 voix contre 94 la proposition de loi socialiste.
Le groupe UMP, qui dispose de la majorité absolue au Palais-Bourbon,
a en effet refusé d'examiner l'article unique de la proposition de
loi socialiste visant à abroger cette disposition, ce qui a conduit,
de fait, au rejet du texte après la discussion générale. Le groupe
communiste et républicain, les élus Verts mais aussi le groupe UDF
ont voté avec les socialistes pour l'examen de cette proposition de
loi. Quelques centristes ont toutefois voté avec l'UMP.
L'esclavage nié
Le président du Conseil régional et député de Martinique,
l'indépendantiste Alfred Marie-Jeanne "s'est insurgé" contre ce
rejet.
"Par cette attitude", écrit Alfred Marie-Jeanne dans un communiqué
rendu public mardi, "les députés UMP évincent ainsi, la
reconnaissance des crimes, des génocides, de l'aliénation, de la
soumission des peuples, de l'européocentrisme, voire de l'esclavage
et de la traite négrière, inhérents à la colonisation".
Selon lui, cet exemple montre "la nécessité de lutter encore
davantage contre la volonté de falsifier et de réécrire notre
Histoire".
De son côté, le maire de Fort-de-France, président du parti
progressiste martiniquais Serge Letchimy, a estimé qu'il s'agissait
là "d'une provocation". "Je suis", écrit-il dans un communiqué, "un
des enfants de ces humanités bafouées, de ces hommes qui ont remonté
lentement la pente hideuse et macabre de l'humiliation, de la
déshumanisation, construites par la colonisation au seul profit
mercantile des conquérants européens qui ont édifié une grande part
de leurs richesses au mépris de l'homme". Selon lui, "la
colonisation et l'esclavage sont indissociablement liées" et sont
des "crimes odieux, ignobles".
"Pas digne de respect"
Pour le maire PPM de Fort-de-France, "une démocratie qui tente
sournoisement de nier leur existence et leur cherche une quelconque
portée positive n'est pas digne de respect".
Enfin dans un communiqué, "le Comité Devoir de Mémoire-Martinique"
estime que l'article 4 de la loi du 23 février qui enjoint aux
enseignants de souligner le rôle positif de la colonisation outre-
mer constitue à l'évidence une remise en cause des récentes avancées
de la mémoire française concernant l'Histoire de l'esclavage et de
la traite négrière".
Source :
http://permanent.nouvelobs.com/politique/20051130.OBS7017.html